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Syrie: l’ONU espère réunir en septembre les parties dans une salle

La délégation syrienne à Genève emmenée par Bachar al-Jaafari s'en est pris à la Turquie et à la coalition qui lutte contre l'Etat islamique (EI) à Raqa. KEYSTONE/EPA KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) L’émissaire de l’ONU sur la Syrie estime avoir réussi à rapprocher cette semaine à Genève les courants de l’opposition. Il espère désormais capitaliser sur les initiatives de plusieurs pays pour réunir toutes les parties dans un dialogue direct début septembre.

“Nous avons avancé”, a affirmé en fin de soirée devant la presse Staffan de Mistura au terme de la septième série de pourparlers. Au sein de l’opposition notamment, le principal groupe du haut comité des négociations (HCN) s’est réuni à plusieurs reprises avec les plates-formes dites du Caire et de Moscou, considérées comme plus proches du régime. Ces entités ont notamment discuté de leur approche sur des élections contrôlées par l’ONU.

Des consultations entre elles vont se poursuivre en juillet. Une plate-forme unie de l’opposition a toujours constitué une demande de la délégation du gouvernement pour un dialogue direct, répétée dans l’après-midi encore par l’ambassadeur syrien à l’ONU à New York Bachar al-Jaafari qui la dirige.

Outre cet obstacle qui pourrait être levé, l’émissaire s’est également réjoui par les discussions intensives entre des pays influents qui se sont converties dans un “changement de ton” vendredi soir au Conseil de sécurité. Tous les membres semblent vouloir établir des “priorités” et se rejoignent sur “une urgence commune”.

Plusieurs pays actifs

Une activité que le diplomate italo-suédois ne considère pas comme un problème pour le processus de Genève. Au contraire, le groupe de contact annoncé jeudi par la France sera porté par les cinq membres du Conseil de sécurité en soutien aux efforts de l’ONU. Selon M. de Mistura, ces pays pourront discuter plus directement avec les parties pendant les pourparlers.

Malgré ce climat qui pourrait aboutir à une stabilisation, les deux principales parties syriennes ne semblent pas encore prêtes à des avancées rapides. Le régime aura encore une fois surtout parlé à Genève de lutte contre le terrorisme. “Il y a une partie qui cherche à avancer et l’autre tente de mettre un terme à ces négociations” en refusant de discuter, a déploré le chef de la délégation du HCN Nasser al-Hariri.

Il a même accusé le gouvernement d’avoir lancé huit nouvelles attaques chimiques jeudi et vendredi près de Damas, actions qui violeraient la limite toujours fixée par les Etats-Unis ou la France. Washington et Paris n’exige toutefois plus le départ du président Bachar al-Assad comme précondition, une mesure saluée par l’ambassadeur syrien.

Avancée liée à Raqqa

M. al-Hariri veut que l’émissaire mette davantage de “pression réelle” sur le gouvernement. De son côté, sans mentionner une seule fois l’opposition dans ses déclarations préliminaires devant la presse, Bachar al-Jaafari s’est est pris à la Turquie.

Il a également fustigé la coalition menée par les Etats-Unis, soutenant les rebelles des forces démocratiques syriennes (FDS), qu’il a accusée d’après commis “des massacres sanguinaires” à Raqqa. Un chasseur syrien a récemment été détruit par un avion américain dans la région.

Dans ce climat, l’opposition semble de plus en plus fragilisée. Outre le changement de politique de la France, ses alliés dans le golfe Persique se divisent depuis le début de la crise qatarie.

Et en Syrie, l’attention se porte surtout maintenant au nord dans la lutte pour la reprise de Raqqa à l’Etat islamique (EI). L’alliance arabo-kurde des FDS s’est emparée d’un nouveau quartier, mais maintient difficilement certaines zones de la ville récupérées récemment.

En plus de six ans, les violences ont fait au moins 320’000 tués. Près de 450’000 déplacés et 31’000 réfugiés sont rentrés chez eux depuis début janvier, avait indiqué récemment le haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Mais 12 millions de personnes qui ont fui ont toujours besoin d’assistance, dont plus de 5 millions de réfugiés.

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