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“Des stratégies frauduleuses” chez Renault depuis plus de 25 ans

Le groupe automobile français Renault a opposé un "démenti formel" aux soupçons de triche aux tests d'homologation de moteurs (archives). KEYSTONE/AP dapd/SASCHA SCHUERMANN/DDP sda-ats

(Keystone-ATS) “Des stratégies frauduleuses” ont été mises en place depuis plus de 25 ans au sein de Renault pour fausser les tests d’homologation de certains moteurs diesel et essence, soupçonne la Répression des fraudes.

Renault oppose un “démenti formel” aux soupçons de triche aux tests d’homologation de moteurs, a indiqué mercredi à l’AFP le numéro deux du groupe automobile français, Thierry Bolloré.

“Renault ne triche pas (…) Tous les véhicules ont été homologués conformément à la réglementation en vigueur”, a affirmé M. Bolloré, directeur délégué à la compétitivité de l’entreprise, lors d’un entretien téléphonique.

Dans un rapport dont l’AFP a eu connaissance, le gendarme de Bercy suspecte le constructeur automobile d’avoir mis en place un logiciel “ayant pour objectif de fausser les résultats de tests antipollution” afin de respecter les normes réglementaires.

Vieilles pratiques

Ce document, dont Libération a révélé l’existence, se concentre sur des modèles récents, mais la Répression des fraudes, qui s’appuie sur le témoignage d’un ex-salarié, estime que certaines pratiques remontent à 1990.

“Plusieurs véhicules étaient équipés de dispositifs de détection de cycle” qui permettaient à la voiture de repérer si elle était en train de passer des tests d’homologation. Dans ce cas, l’électronique adaptait le fonctionnement du moteur pour que ce dernier émette moins de polluants, d’après cet ancien technicien qui a quitté le groupe en 1997.

La première génération de Clio, sortie en 1990, était concernée pour les moteurs essence, d’après lui. Le gendarme de Bercy estime que “l’ensemble de la chaîne de direction de la société qui rend compte en dernier ressort à son PDG Carlos Ghosn” est impliquée.

Information judiciaire ouverte

“Aucune délégation de pouvoir n’a été établie par M. Ghosn concernant l’approbation des stratégies de contrôle utilisées pour le fonctionnement des moteurs”, relève notamment la Répression des fraudes qui conclut à “la responsabilité” du PDG du constructeur.

L’enquête de la Répression des fraudes se concentre sur les moteurs diesel Euro 5 et Euro 6, homologués à partir de septembre 2009. Ses conclusions, rendues en novembre, ont largement contribué à l’ouverture de l’information judiciaire le 12 janvier par le parquet de Paris visant Renault pour “tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués”.

Plus tôt mercredi, Renault avait de nouveau affirmé “qu’aucun de ses services n’a enfreint les règles, européennes ou nationales, relatives à l’homologation des véhicules”. “Les véhicules Renault ne sont pas équipés de logiciels de fraude aux dispositifs de dépollution”, avait ajouté le constructeur.

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