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“Femmes de réconfort”: manifestation contre l’accord avec Tokyo

(Keystone-ATS) Des centaines de personnes ont manifesté mercredi devant l’ambassade du Japon à Séoul, dénonçant l’accord “humiliant” conclu pour régler le différend des “femmes de réconfort”. Tokyo n’endosse en effet toujours pas la responsabilité officielle des atrocités commises.

Parmi les manifestants figuraient plusieurs de ces Sud-Coréennes qui furent les esclaves sexuelles de l’armée impériale nippone pendant la seconde guerre mondiale. Elles ont promis de continuer à se battre pour obtenir justice.

Séoul et Tokyo ont conclu lundi un accord qu’ils ont qualifié d’historique, aux termes duquel le Japon a offert des “excuses sincères” et un milliard de yens (8,2 millions de francs) pour venir en aide aux 46 Sud-Coréennes encore en vie qui furent il y a 70 ans contraintes de se prostituer pour les militaires japonais.

Aide, pas compensation

L’accord a outré nombre de ces femmes notamment parce que le Japon n’a pas endossé la responsabilité officielle des atrocités commises par son armée. Tokyo a présenté en outre le versement d’un milliard de yens comme une aide, et non comme une compensation formelle.

“Le combat continue”, a déclaré Lee Yong-Soo, une de ces femmes, lors de la manifestation en face de l’ambassade du Japon à Séoul, théâtre depuis des années de rassemblements hebdomadaires sur ce thème.

Statue

Certains manifestants brandissaient des pancartes dénonçant l’engagement pris par Séoul de déplacer la statue symbolisant le combat des “femmes de réconfort” installée juste en face de l’ambassade. Selon un récent sondage, 66% des Sud-Coréens sont hostiles à cette opération.

La plupart des historiens estiment que jusqu’à 200’000 femmes, pour la plupart des Coréennes mais aussi des Chinoises, des Indonésiennes et des ressortissantes d’autres pays asiatiques, ont été enrôlées de force dans les bordels de l’armée impériale.

La position du Japon a longtemps été de considérer cette question réglée en 1965 à la faveur de l’accord qui avait rétabli les liens diplomatiques entre Tokyo et Séoul.

Médias chinois aussi insatisfaits

Les médias d’Etat chinois estimaient aussi mercredi que le mea culpa du Japon, salué par Washington, était insuffisant et manquait de sincérité. Ils pointent des motivations politiques.

En Chine, le ressentiment populaire est en effet encore vif face aux atrocités commises par l’armée japonaise dans l’Empire du Milieu, où de nombreuses femmes ont également été contraintes de se prostituer.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a “un incontestable passé fait de tergiversations, de faux-fuyants et de révisionnisme historique et le public a de bonnes raisons de rester dubitatif”, a écrit mardi soir l’agence Chine nouvelle. Celle-ci s’étonnait par ailleurs que les excuses japonaises aient été uniquement adressées à la Corée du Sud.

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