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“Je fais ce que j’ai dit”: Macron assume et défend ses réformes

Emmanuel Macron a annoncé que les étrangers en situation irrégulière qui commettraient un délit seraient expulsés. KEYSTONE/EPA REUTERS POOL/PHILIPPE WOJAZER / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Emmanuel Macron a affirmé qu’il allait continuer “avec le même rythme et la même détermination” son programme de “transformation radicale” de la France. Des réformes perçues par une partie de l’opposition comme favorables aux plus aisés.

“Sur tout, je fais ce que je dis. C’est en effet assez nouveau”, a affirmé le président lors de sa première interview télévisée, accordée à TF1 et LCI, pour résumer les cinq premiers mois de sa présidence. “Je ne suis pas là pour gérer. Je suis là pour transformer” la France et “je continuerai au même rythme et avec la même détermination”.

Au cours d’un entretien d’une heure et douze minutes dans un salon de l’Elysée, Emmanuel Macron s’est surtout attaché à faire de la pédagogie sur les décisions prises depuis son élection, sans faire de nouvelles grandes annonces. Il a ainsi tenté de répondre point par point aux critiques qui ont entraîné une baisse marquée dans les sondages durant l’été.

A ceux qui, dans une partie de son électorat, jugent ses premières réformes trop à droite, le président a assuré que “la plénitude des réformes” et leurs effets sur le chômage seraient visibles “dans un an et demi, deux ans”. Le chômage est en train de baisser, a-t-il remarqué.

“Toute la cordée qui dégringole”

Répondant à l’accusation de “président des riches”, il a affirmé que lui et son gouvernement s’occupaient de “la France où les choses vont mal”. Mais il ne “croit” pas pour autant en la “jalousie envers les “riches”.

“Quand on décide d’aider celles et ceux qui travaillent, aussi modestes soient-ils, par des réformes en profondeur, on s’adresse aux classes moyennes et aux classes populaires”, a poursuivi le président, interrogé par les journalistes David Pujadas, Anne-Claire Coudray et Gilles Bouleau.

Emmanuel Macron veut “que l’on célèbre” ceux qui réussissent car “si on commence à tirer des cailloux sur les premiers de cordée, c’est toute la cordée qui dégringole”.

Expulsion

Interrogé sur des sujets d’actualité, Emmanuel Macron a affirmé avoir “engagé les démarches” afin que la Légion d’Honneur soit retirée au producteur de cinéma Harvey Weinstein. L’Américain est accusé de viols, agressions ou harcèlement sexuels.

Il a souhaité qu’une “procédure de verbalisation plus simple” des actes de harcèlement “pour qu’il y ait une réponse immédiate”, en déplorant qu'”aujourd’hui, bien souvent, on ne va pas porter plainte, parce qu’on n’ose pas”.

Il a aussi annoncé que les étrangers en situation irrégulière qui commettraient un délit seraient expulsés. Il revenait ainsi sur la polémique née de l’attentat à Marseille le 1er octobre qui a coûté la vie à deux jeunes femmes. L’auteur, un Tunisien de 29 ans en situation irrégulière, avait été interpellé deux jours plus tôt et remis en liberté alors que les conditions étaient réunies pour son expulsion.

Peu interrogé sur le contexte international, M. Macron a redit son “désaccord” avec le président américain Donald Trump sur le dossier du nucléaire iranien. Il a indiqué qu’il prévoyait bien de se rendre en Iran “au moment voulu”, ce qui serait la première visite d’un chef d’Etat français en Iran depuis 1976.

L’Europe comme l’environnement n’ont pas été abordés.

Solennité

Le président a assumé son style, dont l’image a été mise à mal par une série de polémiques depuis cet été. Il s’est ainsi défendu d’avoir voulu “humilier” ou d’avoir été “clivant” en employant des termes comme “fainéants”, “cyniques” ou “bordel”.

“Nos élites politiques se sont habituées à ne plus dire les choses, à avoir un discours en quelque sorte aseptisé. Et à considérer que ce qui était intolérable, c’était le mot qu’on mettait et pas la réalité”, s’est-il justifié. “En l’espèce, le mot ‘bordel’ c’est du registre populaire, comme dit l’Académie française”, a plaidé le président.

Il a justifié sa décision de n’avoir pas donné d’interview télévisé en cinq mois, notamment en n’accordant pas l’entretien traditionnel du 14 juillet. “J’ai pris la décision de ne pas avoir une présidence bavarde, de ne pas parler tout le temps parce qu’il faut que la parole présidentielle garde de la solennité”, a-t-il précisé.

“Je tiens beaucoup à l’esprit de nos institutions”, a-t-il dit, en défendant son mode de gouvernance, qualifié par certains de “jupitérien”.

Assurant avoir “pleine confiance” en lui, il a précisé que le Premier ministre Édouard Philippe prenait “les décisions quotidiennes” mais “à la fin des fins, les décisions stratégiques sont prises par le président de la République”.

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