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“Jouer Novak en finale d’un Grand Chelem, c’est le défi ultime”

(Keystone-ATS) Vainqueur à l’usure de Kei Nishikori (4-6 7-5 6-4 6-2), Stan Wawrinka se retrouve en finale de l’US Open. Il en découdra dimanche avec Novak Djokovic, pour ce qu’il qualifie de “défi ultime”.

Stan Wawrinka, vous avez dû batailler pendant plus de trois heures face à Kei Nishikori. Comment avez-vous vécu cette demi-finale ?

“Au début du match, Kei bougeait très bien. C’est lui qui dictait le jeu, me mettant dans une situation peu confortable. Mais petit à petit, j’ai réussi à prendre le dessus, à lui faire mal. Les conditions étaient terribles avec l’humidité. Mon objectif était donc de le faire souffrir, de le fatiguer au maximum, sans lui montrer que moi aussi je souffrais. Et au milieu du second set, j’ai effectivement senti que son rythme baissait. Je ne l’ai alors plus lâché.”

Cela vous a permis de vous qualifier pour la finale, où vous affronterez un certain Novak Djokovic…

“Jouer Novak en finale d’un Grand Chelem, c’est le défi ultime. Je vais affronter le no 1 mondial, une ‘bête’ au niveau mental, un joueur qui a tout gagné ces dernières années. Je sais toutefois que si j’évolue à mon meilleur niveau, j’aurai ma chance.”

En plus, vous avez déjà une riche histoire avec lui ?

“Oui c’est vrai, surtout en Grand Chelem. Nos matches ont souvent donné lieu à d’incroyables batailles. Je retiens par exemple cette rencontre de l’Open d’Australie en 2013 (réd: défaite 12-10 au 5e set en 8e de finale). Ce match-là a joué un rôle très important dans ma carrière. Je l’avais perdu, mais je m’étais prouvé que je pouvais jouer au niveau des meilleurs.”

Quelle est votre relation avec Novak Djokovic ?

“A force de jouer des gros matches, nous sommes devenus proches. On s’entraîne souvent ensemble, et on s’entend bien également en dehors des terrains. Nous avons beaucoup de respect l’un pour l’autre, et ceci depuis plusieurs années.”

Novak Djokovic semble avoir des soucis physiques durant cet US Open (épaules, avant-bras, poignet). De votre côté, vous avez beaucoup joué durant la quinzaine. Dans quel état serez-vous pour cette finale ?

“Si Novak est en finale, je m’attends à ce qu’il soit fit à 100%. De mon côté, il est vrai que j’ai beaucoup plus joué que lui. Je me sens toutefois bien physiquement. Cela a été un peu dur après mon quart de finale contre Del Potro, mais j’ai vraiment bien récupéré pour affronter Nishikori. J’espère que j’aurai la même fraîcheur pour la finale.”

Après l’Open d’Australie en 2014 et Roland-Garros en 2015, vous allez jouer votre troisième finale en Grand Chelem. Que représente l’US Open pour vous ?

“L’US Open est un tournoi que j’ai appris à aimer. Au début de ma carrière, tout était trop grand ici pour moi. Mais maintenant, j’adore ce tournoi, son ambiance si particulière. L’US Open exige une grosse résistance mentale et physique, et cela me plaît. Je peine toutefois à réaliser que je suis en finale. Car normalement, les finales de l’US Open, je les regarde à la télé.”

Vous avez 31 ans et ces trois finales en Grand Chelem sont venues sur le tard. Quel a été le déclic ?

“Il est vrai que j’ai subitement franchi un palier dans ma carrière. L’arrivée de Magnus Norman (réd: au printemps 2013) comme nouvel entraîneur y est pour beaucoup. Il m’a aidé mentalement, surtout pour affronter les meilleurs joueurs du monde, contre qui j’avais des difficultés auparavant. Magnus m’a apporté son calme et sa science tactique pour m’aider à aborder de tels matches. Je dois aussi beaucoup à mon préparateur physique Pierre Paganini. Nous travaillons ensemble depuis de nombreuses années, et il sait exactement ce dont j’ai besoin.”

Avant de débarquer cette année à l’US Open, vous restiez sur plusieurs tournois mitigés. Comment expliquez-vous cette métamorphose ?

“J’ai connu une grosse déception en sortant tôt à Wimbledon (réd: 2e tour contre Del Potro). Je me suis ensuite blessé (au dos) à Toronto, ce qui m’a fait rater les JO de Rio. J’ai néanmoins beaucoup travaillé cet été. Du coup, quand je suis arrivé à New York, j’avais la conviction d’être prêt. Ensuite, comme souvent en Grand Chelem, je me suis bonifié au fil des matches. Mais il ne faut pas non plus oublier que tout aurait pu s’arrêter très vite. J’ai quand même dû sauver une balle de match au 3e tour contre Daniel Evans…”

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