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“Salut l’artiste!” : le comédien Jean Rochefort meurt à 87 ans

Jean Rochefort était une figure incontournable, un élément du patrimoine cinématographique français (archives). KEYSTONE/AP/ALVARO BARRIENTOS sda-ats

(Keystone-ATS) L’acteur français Jean Rochefort est mort dans la nuit de dimanche à lundi à 87 ans. Il était une figure incontournable, un élément du patrimoine cinématographique français.

Du “Capitaine Fracasse” à “L’Horloger de Saint-Paul”, en passant par “Salut l’artiste!”, “Un éléphant ça trompe énormément” ou “Nous irons tous au paradis”, Jean Rochefort aura été l’un des acteurs les plus populaires du cinéma français. Voix chaude et inamovible moustache, l’acteur aura décliné “le bonheur de jouer” au fil de 150 films et téléfilms et plusieurs dizaines de pièces de théâtre.

Hospitalisé en août dernier, il est mort dans un établissement parisien, a annoncé sa fille Clémence.

Trois Césars

Récompensé par trois Césars – décernés par la profession – pour “Que la fête commence” (1976) de Bertrand Tavernier et “Le Crabe-Tambour” (1978) de Pierre Schoendoerffer, avant un trophée pour l’ensemble de sa carrière en 1999, Jean Rochefort a aussi oeuvré à la télé, comme dans la série “Boloss des belles lettres”. Il y interprète une oeuvre du patrimoine littéraire en langage de la rue.

L’annonce de sa mort a déclenché une avalanche de tristesse sur Twitter, de célébrités ou d’anonymes, tant le comédien était présent à l’esprit des Français. La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a salué “un grand maître”, “acteur élégant, attachant, populaire.”

“Oh non! Pas Jean. Pas Rochefort. C’est trop à la fin… Quelle tristesse. Et lui, si fin, si drôle, si ‘cheval-resque’, si british. Salut Jean! A sa manière de scander une simple phrase, on comprenait que la diction de Jean était la plus belle du monde”, a réagi sur Twitter Gilles Jacob, l’ancien président du Festival de Cannes.

Élégance à la française

Durant plus d’un demi-siècle, il a promené sa longue silhouette, incarnant l’élégance à la française doublée d’un flegme légendaire et d’un humour pince-sans-rire. Il excellait tout autant dans les rôles dramatiques, avec son timbre de voix unique, grave et pénétrant, immédiatement identifiable.

Libertin cynique dans “Que la fête commence” de Bertrand Tavernier, il a incarné un flegmatique valet anglais (“Les Tribulations d’un chinois en Chine” de Philippe de Broca) comme un père de famille adultérin (“Un Eléphant ça trompe énormément” d’Yves Robert) ou un personnage poignant d’animateur radio solitaire dans “Tandem” de Patrice Leconte.

“J’appartiens au patrimoine. Il y a le jambon de Bayonne, (Philippe) Noiret, (Jean-Pierre) Marielle et moi”, plaisantait l’acteur, père de cinq enfants de trois unions, comédien éclectique, aussi pudique que passionné.

A propos de la mort, Jean Rochefort avait confié en 2015 dans Le Journal du Dimanche qu'”il la sentait venir”. “Il y a des moments où je suis content qu’elle arrive. Le corps le demande, et la tête parfois aussi. Mais on n’a pas envie de faire du chagrin aux autres”, avait-il ajouté à l’occasion d’un entretien pour l’un de ses derniers films, “Floride” de Philippe Le Guay où il incarne un octogénaire atteint de la maladie d’Alzheimer.

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