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A défaut du Parlement, le peuple tranchera sur la burqa

(Keystone-ATS) Le Parlement devrait refuser une interdiction nationale de se couvrir le visage. Par 15 voix contre 9, la commission des institutions politiques du National propose au plénum de ne pas donner suite à une initiative parlementaire en ce sens.

La commission, qui avait soutenu de justesse le texte de Walter Wobmann (UDC/SO) dans un premier temps, fait ainsi volte-face. Elle s’est ravisée après que son homologue du Conseil des Etats a clairement refusé une telle interdiction.

Une initiative populaire allant dans le même sens ayant été lancée, elle considère en outre que le peuple pourra lui-même trancher la question, a-t-elle communiqué vendredi.

La commission du Conseil des Etats jugeait que le projet n’était ni pertinent, ni justifié. La burqa ne pose pas de réel problème. Le phénomène est très rarement observé en Suisse.

Une interdiction risquerait de frapper un petit nombre de touristes provenant de pays islamiques, ce qui pourrait avoir des conséquences négatives pour le tourisme. De plus, ce sont les cantons qui sont compétents en matière de sécurité et de réglementation des rapports entre Etat et religions.

Le peuple tranchera

L’UDC ne l’entend pas de cette oreille. Les opposants à la burqa et à toute dissimulation du visage dans l’espace public estiment qu’il en va du maintien de l’ordre et du respect de la dignité de la femme. A défaut de soutien au Parlement, ils pourront s’en référer au peuple.

La droite dure, sous la direction du Comité d’Egerkingen, a en effet lancé une initiative qui s’inspire de celle acceptée par les Tessinois en 2013. Personne ne devrait avoir le droit de dissimuler son visage dans l’espace public, dans des lieux accessibles à tous (exceptés les lieux de culte) ou dans lesquels sont fournies des prestations ordinairement accessibles à tout un chacun.

Il serait aussi interdit de contraindre quelqu’un à se dissimuler le visage en raison de son sexe. Des exceptions seraient prévues pour des raisons sanitaires, de sécurité, climatiques ou de coutume locale.

Outre des membres de l’UDC, de l’UDF, de la Lega et des Démocrates suisses, le comité d’initiative tessinois, via, entre autres, Giorgio Ghiringhelli et la libérale-radicale Marina Masoni ainsi que l’auteure féministe alémanique Julia Onken soutiennent le texte.

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