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Accusé d’avoir escroqué une nonagénaire il demande son acquittement

L'accusé, d'origine éthiopienne et de nationalité américaine, aurait détourné à son profit une partie de la fortune de la riche nonagénaire qui l'hébergeait (photo d'illustration) KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Un homme de 72 ans, accusé d’avoir abusé pendant des années de la confiance d’une riche dame de 93 ans et d’avoir profité de sa fortune, devait répondre mercredi de ses actes devant le Tribunal correctionnel de Genève. Le prévenu a demandé son acquittement.

“C’est l’histoire d’un personnage inventé de toutes pièces”, a déclaré la procureure Karine Figurek Ernst dans son réquisitoire. Après avoir embobiné sa victime, l’accusé a été hébergé, s’est fait acheter des voitures, s’est fait financer son train de vie. Il avait même prévu de devenir l’unique héritier de la nonagénaire.

Le prévenu a séduit la plaignante, qui est une personne généreuse mais influençable. Il a profité de sa faiblesse et a échafaudé son plan avec froideur, sur une longue période, a poursuivi Mme Figurek Ernst. Le préjudice causé est conséquent et se chiffre à au moins 5 millions de francs.

4 ans de prison requis

Pour la représentante du Ministère public, l’accusé s’est rendu coupable d’escroquerie par métier. Elle a requis à son encontre une peine de 4 ans de prison. Le prévenu, qui a déjà effectué 309 jours de détention préventive, n’a été arrêté dans son entreprise que par l’intervention du notaire et de la curatrice de la victime.

Gian-Reto Agramunt, l’avocat du prévenu, a plaidé de son côté l’acquittement de son client. Pour lui, dans cette affaire, l’accusé ne s’est nullement inventé une vie dans le but de tromper la nonagénaire. Il souffre bien d’un cancer et a bien dû fuir l’Ethiopie dans les années septante, pour s’installer en Europe.

Toutes ses facultés

Le prévenu est aussi un membre de la famille royale éthiopienne, qui a tout perdu à la suite de la révolution dans son pays. De son côté, la vieille dame a, malgré son âge, toute sa tête, a affirmé l’avocat. Elle a décidé de son propre chef d’héberger le prévenu, de financer ses soins et de lui acheter des voitures.

Pour M. Agramunt, ils vivaient en couple. Une vision qu’a contestée l’avocate de la vieille dame Julie Locca. Pour elle, sa cliente s’est clairement fait abuser. Le prévenu s’est inventé une vie de malheur, profitant de la générosité et de la solitude de la nonagénaire pour l’apitoyer.

Lors de son interrogatoire, l’accusé ne s’est pas montré très clair dans ses propos. Il a souvent esquivé les questions en déclarant qu’il ne se souvenait pas bien de ce qui s’était passé. Il a indiqué avoir gagné sa vie en ayant notamment travaillé comme conseiller pour des personnes du Moyen-Orient, sans plus de précision.

Le Tribunal correctionnel de Genève rendra son jugement jeudi, à 11h30.

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