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Accusée d’avoir menti, la Première ministre écossaise se défend

Accusée d'avoir menti sur les accusations de harcèlement sexuel pesant sur son prédécesseur, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a défendu mercredi sa gestion de cette affaire. KEYSTONE/EPA/Andrew Cowan HANDOUT sda-ats

(Keystone-ATS) Accusée d’avoir menti sur les accusations de harcèlement sexuel pesant sur son prédécesseur, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a défendu mercredi sa gestion de cette affaire. Celle-ci vaut à cette figure indépendantiste des appels à la démission.

A deux mois d’élections locales cruciales, les indépendantistes du Scottish National Party (SNP) sont actuellement embourbés dans les suites des accusations visant son ex-dirigeant Alex Salmond. Disculpé par la justice en 2020, ce dernier se dit victime d’un complot politique.

Le Parlement écossais enquête désormais sur la façon dont le gouvernement avait initialement traité les plaintes, et pour déterminer si Nicola Sturgeon s’est ingérée dans l’enquête ou a menti au Parlement comme l’affirme Alex Salmond.

“Juste” d’examiner les plaintes

Il était “absolument juste” que ces plaintes soient examinées, a-t-elle estimé lors d’une audition de plus de sept heures devant la commission d’enquête parlementaire. “Comme Première ministre, j’ai refusé de suivre le vieux schéma autorisant un homme puissant à user de son statut et de ses relations pour obtenir ce qu’il veut”.

Mais elle a jugé “absurdes” les accusations de complot contre M. Salmond, son mentor. “Je crois avoir agi correctement et de manière appropriée”, a-t-elle insisté.

“Alex Salmond est l’une des personnes les plus proches que j’ai eues toute ma vie, je n’aurais jamais voulu le faire tomber”, a-t-elle assuré, soulignant que l’ex-dirigeant était quelqu’un qu’elle “vénérait” depuis qu’elle avait “20, 21 ans”.

Appelée à la démission par l’opposition, la populaire dirigeante est soutenue par son camp, qui dénonce des manoeuvres pour l’affaiblir avant les élections du 6 mai, dont le SNP voudrait faire un tremplin en vue d’un nouveau référendum sur l’indépendance.

Mme Sturgeon a démenti avoir trompé le Parlement écossais sur la date à laquelle elle avait été informée des accusations contre Alex Salmond.

“Mensonges”

“Nicola Sturgeon a esquivé et évité presque toutes les questions difficiles”, ont réagi les conservateurs écossais sur Twitter, l’accusant de “mensonges” et réclamant son départ. “Elle se souvient parfaitement de détails qui selon elle l’exonèrent, puis oublie complètement tout ce qui lui porte préjudice”.

Les conservateurs soumettront un vote de défiance au parlement local où le SNP ne dispose pas de la majorité absolue.

Auditionné vendredi dernier, Alex Salmond a accusé le gouvernement d’avoir délibérément caché des documents gênants et ignoré l’avis des conseillers juridiques en persistant dans une affaire qu’ils ne pouvaient pas gagner, étrillant Mme Sturgeon.

“Je n’ai aucun doute quant au fait que la Première ministre a enfreint le code de conduite ministériel, mais ce n’est pas à moi de dire quelles devraient en être les conséquences”, a-t-il estimé. “Je ne suis pas intervenue”, a insisté Nicola Sturgeon, tout en reconnaissant des “erreurs” de la part de l’exécutif.

Acquitté l’an dernier

Alex Salmond a longtemps été l’homme fort de l’Écosse, dirigeant pendant 20 ans le SNP, dont il a fait le plus grand parti local. En 2014, il avait jeté l’éponge après la victoire du “non” au référendum sur l’indépendance.

Il a été acquitté en mars 2020 par un tribunal écossais de 13 accusations d’agressions sexuelles et de tentatives de viol contre neuf femmes entre juin 2008 et novembre 2014.

Dès 2019, le gouvernement écossais avait admis avoir mal géré l’enquête interne sur les plaintes portées à l’encontre de M. Salmond par deux femmes et avait alors accepté de lui verser plus de 500’000 livres (641’000 francs) pour couvrir ses frais de justice.

Nicola Sturgeon a présenté ses excuses aux deux plaignantes pour les erreurs du gouvernement et à ses administrés pour l’argent public que cela a coûté.

Tout en soulignant que la justice a innocenté M. Salmond, Mme Sturgeon a attaqué son prédécesseur, jugeant que son comportement n’avait “pas toujours” été “approprié”.

Nouveau référendum exigé

Ces querelles au vu et au su de tous tombent mal pour le SNP. Renforcé par le Brexit (les Ecossais s’y sont massivement opposés) et la gestion très critiquée de la pandémie par Londres, ce parti souhaite s’appuyer sur une victoire électorale pour obtenir l’organisation d’un nouveau référendum d’autodétermination pour l’Ecosse.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson refuse fermement tout nouveau vote, estimant que la question a été réglée par un référendum en 2014, mais les sondages ont donné ces derniers mois une majorité en faveur de l’indépendance.

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