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Action anti-migrants d’un groupe d’extrême droite jugée en France

Le col de l'Echelle est un point de passage de nombreux migrants qui traversent clandestinement la frontière à pied entre l'Italie et la France, dans des conditions périlleuses (archives). KEYSTONE/TIPRESS FOR KEYSTONE/PABLO GIANINAZZI sda-ats

(Keystone-ATS) Six mois de prison ferme ont été requis jeudi devant le tribunal de Gap contre trois membres du groupe Génération identitaire, pour l’opération anti-migrants menée par le groupe d’avril à juin 2018 dans les Hautes-Alpes. Le jugement sera rendu le 29 août.

A l’issue de la journée, le procureur de Gap (sud-est) a requis six mois de prison ferme contre trois membres du groupe jugés pour “activités exercées dans des conditions de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une fonction publique”.

Le 21 avril 2018, Génération Identitaire avait monté une spectaculaire opération au col de l’Echelle, situé dans les Alpes françaises. Ce col (1762 mètres) est un point de passage de nombreux migrants en majorité originaires d’Afrique et traversant clandestinement la frontière à pied entre l’Italie et la France, dans des conditions périlleuses.

15’000 euros d’amende

Une centaine de personnes vêtues de la même doudoune bleu clair et deux hélicoptères de location avaient été mobilisées. Une banderole géante avait été déployée et une “frontière symbolique” matérialisée dans la neige par des grillages en plastique.

Les militants d’extrême droite avaient prévu de “notifier” aux migrants qui passeraient par là que “la frontière (était) fermée et qu’ils (devaient) rentrer chez eux”.

Dans le box se trouvaient jeudi le président de GI Clément Gandelin, son porte-parole Romain Espino, et un autre membre, Damien Lefèvre (dit Rieu), 29 ans, par ailleurs attaché parlementaire du député RN (extrême droite) Gilbert Collard. Les trois hommes risquent un an de prison et 15’000 euros (16’700 francs) d’amende, et 75’000 euros d’amende pour l’association.

Sous la même bannière “Defend Europe”, les identitaires avaient affrété un navire en Méditerranée en 2017 pour protester contre l’immigration en provenance d’Afrique.

Volonté de “confusion”

L’action du col de l’Echelle avait provoqué un tollé politique en France, d’autant que l’Assemblée nationale siégeait exceptionnellement ce samedi-là. En réaction, une centaine de militants pro-migrants avaient franchi le dimanche la frontière franco-italienne avec une trentaine de migrants, occasionnant des bousculades avec les forces de l’ordre.

Sept participants – quatre Français, une Italienne, et deux Suisses – ont été condamnés à Gap en décembre, dont deux à de la prison ferme. Ce jugement avait outré les habitants portant assistance aux migrants, très actifs dans cette région où 3787 entrants illégaux ont été remis aux autorités italiennes en procédure de non-admission en 2018.

Car si les infractions commises ce week-end-là par les pro-migrants ont semblé assez simples à établir, le procureur de la République de Gap a dû mener une “enquête approfondie” pour déterminer ce qu’il pouvait reprocher à Génération Identitaire, le 21 avril et au cours de maraudes menées par ses militants jusqu’à fin juin 2018.

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