Des perspectives suisses en 10 langues

Affaire Bettencourt: amendes requises pour les enregistrements

(Keystone-ATS) Le procureur de la République de Bordeaux a requis mercredi des peines “de principe” d’un minimum de 1500 euros contre l’ex-majordome de Liliane Bettencourt pour avoir enregistré des conversations de la milliardaire et cinq journalistes qui en ont publié des extraits.

Dans un réquisitoire de deux heures, la procureure Marie-Madeleine Alliot a estimé que “la diffusion des enregistrements a porté à la connaissance du public que Liliane Bettencourt était affaiblie”. Selon elle, l’infraction est “totalement constituée” pour l’ancien majordome Pascal Bonnefoy et “parfaitement caractérisée” pour les journalistes et directeurs de publication de Mediapart et du Point.

Soulignant la valeur “symbolique” du procès, elle a ajouté que “la liberté de la presse ne peut pas être absolue”. “Ces actes sont illégaux, mais ces enregistrements ont été validés comme moyens de preuve. C’est un élément qui doit entrer en ligne de compte dans la peine appliquée”, a-t-elle estimé.

Elle a requis “une déclaration de culpabilité”, estimant que “seule une peine de principe peut être prononcée”, sous forme d’amendes “qui ne sauraient être inférieures à 1500 euros”.

Acte “nécessaire et remarquable”

Peu avant, le tuteur de Liliane Bettencourt avait demandé la relaxe de Pascal Bonnefoy, car “ce qu’il a fait était nécessaire et remarquable”. Il avait reconnu que les journalistes avaient “permis à un abus de faiblesse de cesser”.

Durant les débats, Pascal Bonnefoy a soutenu qu’il avait agi dans l’intérêt de Liliane Bettencourt, victime à ses yeux de prédateurs, et pour obtenir des éléments de preuve alors que selon lui tout était fait pour que le personnel soit écarté.

En l’absence de Franz-Olivier Giesbert, directeur de la publication du Point à l’époque, les quatre autres journalistes – le directeur de publication de Mediapart Edwy Plenel, Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme pour Mediapart, Hervé Gattegno, du Point – ont plaidé pour la liberté de la presse.

Vingt heures de conversation

L’ex-majordome, poursuivi pour atteinte à l’intimité de la vie privée, avait capté une vingtaine d’heures de conversations au domicile de Liliane Bettencourt en plaçant un dictaphone derrière son fauteuil. Ces enregistrements sont devenus un support essentiel de cette affaire quand Françoise Bettencourt-Meyers a qui il les avait remis les a transmis à la brigade financière en 2010.

Ce procès est le quatrième volet de la tentaculaire “affaire Bettencourt”, qui mêle accusations d’abus de faiblesse sur la personne de l’héritière de l’Oréal et soupçons de trafic d’influence et de financement politique occulte.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision