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Affaire russe: mis en cause au Congrès, le FBI défend son intégrité

Le FBI critique "des omissions matérielles de faits qui affectent de manière fondamentale l'exactitude du rapport" (archives). KEYSTONE/AP/CAROLYN KASTER sda-ats

(Keystone-ATS) Le FBI américain a défendu mercredi son intégrité. Il a mis en doute la véracité d’un rapport parlementaire confidentiel qui l’accuse de partialité dans l’enquête sur la campagne électorale de Donald Trump en 2016.

Dans un communiqué, la police fédérale américaine affirme prendre “au sérieux ses obligations (pour obtenir des autorisations d’enquêter) et le respect des procédures supervisées par des fonctionnaires de carrière au ministère de la Justice et au FBI”.

“Comme nous l’avons exprimé lors de notre premier examen, nous sommes très inquiets concernant des omissions matérielles de faits qui affectent de manière fondamentale l’exactitude du rapport”, affirme le Bureau fédéral, qui souligne avoir eu “un accès limité” au document.

Abus de pouvoir

La commission du renseignement de la Chambre des représentants, présidée par le républicain Devin Nunes, a approuvé lundi soir la divulgation d’un document de quatre pages, malgré l’opposition du ministère de la Justice et du FBI. Le texte contiendrait en effet des informations sensibles sur les opérations américaines de contre-espionnage.

Mais Donald Trump a assuré mardi soir à un élu qu’il serait publié “à 100%”. A défaut d’une initiative du président, M. Nunes pourrait publier le document dès samedi.

Le document, selon les médias qui citent des élus ayant pu le lire, suggère que le ministère et le FBI ont commis des abus de pouvoir pour obtenir l’autorisation, au nom de la sécurité nationale, de surveiller les communications de Carter Page. Ce conseiller diplomatique de l’équipe de M. Trump était soupçonné d’espionnage en raison de ses contacts réguliers avec des responsables russes.

Ministre adjoint visé

La commission vise notamment le ministre-adjoint, Rod Rosenstein, qui a obtenu la prolongation de cette autorisation après l’arrivée au pouvoir de M. Trump. M. Rosenstein avait nommé Robert Mueller et il est le seul à pouvoir limoger le procureur spécial.

Le rapport affirme notamment que la surveillance se basait sur l’enquête controversée d’un ex-espion britannique, Christopher Steele, concernant les liens entre Donald Trump et la Russie. Pour les républicains, ce dossier est partial car financé par les démocrates quand ils étaient encore au pouvoir.

Devin Nunes a fustigé mercredi dans un communiqué l’utilisation d'”informations non vérifiées dans un document judiciaire pour alimenter une enquête de contre-espionnage pendant une campagne politique américaine”.

Enfin, le document contiendrait des preuves que le ministère a cherché à discréditer M. Trump, qui a dénoncé un FBI à la réputation “en lambeaux” à cause des supposées sympathies démocrates de certains agents. Le président a limogé son patron James Comey en mai 2017, alors qu’il dirigeait l’enquête russe, et son numéro deux, Andrew McCabe, a quitté ses fonctions mardi, à quelques mois de la retraite.

L’étau se resserre

Mercredi soir, l’élu démocrate Adam Schiff, membre de la commission du Renseignement, a dénoncé dans une lettre ouverte à M. Nunes des changements “substantiels” et “matériels” introduits selon lui après le vote dans le document transmis à la Maison Blanche, sans que les membres de la commission en soient informés ou l’aient approuvé. Il a réclamé le retrait du document envoyé et un nouveau vote.

Le rapport est révélé alors que l’enquête du procureur Mueller se rapproche du président américain. M. Mueller souhaite en effet l’interroger pour tenter de déterminer si M. Trump s’est rendu coupable d’entrave à la justice, notamment en limogeant M. Comey.

Selon le New York Times, M. Mueller se concentre notamment sur des déclarations de Donald Trump Jr, le fils du président, à propos d’une rencontre controversée à la Trump Tower avec une avocate russe pendant la campagne.

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