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Affrontements entre l’armée irakienne et l’EI à Falloudja

La ville de Falloujah n'est plus contrôlée par les troupes gouvernementales irakiennes depuis janvier 2014 (archives). KEYSTONE/AP sda-ats

(Keystone-ATS) L’armée irakienne a attaqué lundi des activistes de l’organisation Etat islamique près de Falloudja, après avoir bombardé des quartiers du centre de la ville. Elle entame ainsi l’offensive annoncée pour tenter de reprendre ce bastion djihadiste.

Certains des premiers affrontements directs entre les deux camps ont eu lieu à Al Hayakil, dans la banlieue sud de la ville, a précisé un habitant.

Des frappes aériennes et des tirs de mortier avaient visé dans la nuit plusieurs quartiers de la ville même, dans lesquels l’EI passe pour avoir installé un quartier général. Mais ils avaient cessé au lever du jour.

Des habitants du centre-ville ont expliqué s’être réfugiés dans le nord de l’agglomération. Mais les explosifs placés par l’EI le long de la route les empêchent de quitter la ville.

Pas un préalable à la reprise

Falloudja est tombée aux mains du groupe d’Abou Bakr al Baghdadi dès janvier 2014, six mois avant que la prise spectaculaire de Mossoul, dans le Nord, ne marque l’émergence des djihadistes sunnites de l’EI. Ils contrôlent aujourd’hui de larges portions des territoires irakien et syrien et s’implantent en Libye.

L’armée irakienne encercle la ville depuis l’an dernier. Mais elle a jusqu’à présent privilégié les combats dans des zones tenues par l’EI plus au nord et à l’ouest. Bagdad a annoncé vouloir reprendre Mossoul avant la fin de l’année même si de nombreux observateurs jugent cet objectif difficile à atteindre.

L’offensive sur Falloudja, dont le lancement a été annoncé dans la nuit par le Premier ministre, Haïdar al Abadi, n’est pas considérée comme un préalable indispensable à la reprise de Mossoul et elle pourrait même obliger Bagdad à repousser le calendrier.

L’heure de la libération

En 2004, deux offensives américaines contre des djihadistes d’Al Qaïda à Falloudja avaient duré chacune environ un mois.

Haïdar al Abadi s’est rendu dans un centre de commandement installé près de la ville pour superviser les opérations, a rapporté la télévision publique.

L’offensive sera menée par l’armée, la police, les services de renseignement, les combattants de tribus locales et une coalition de milices à majorité chiite, avait-il déclaré auparavant. Un soutien aérien de la coalition internationale menée par les Etats-Unis est également attendu.

“L’heure H de la libération de Falloudja est arrivée. Le moment de la victoire approche et Daech n’a pas d’autre choix que de fuir”, a dit le chef du gouvernement sur son compte Twitter officiel, utilisant l’acronyme arabe péjoratif du groupe djihadiste.

Pénuries de nourriture

Des responsables irakiens ont expliqué que les milices chiites, dont l’une est soutenue par l’Iran, pourraient ne combattre qu’à l’extérieur de la ville, comme cela avait été le cas à Ramadi il y a six mois, afin d’éviter d’aggraver des tensions intercommunautaires avec la population sunnite locale.

Des responsables irakiens et américains estiment que jusqu’à 100’000 civils se trouvent encore à Falloudja, dont la population dépassait 300’000 personnes avant le début de la guerre.

Les Nations unies et l’ONG Human Rights Watch ont dit le mois dernier que de sévères pénuries de nourriture et de médicaments touchaient les habitants assiégés depuis plusieurs mois. La ville n’a plus accès à l’aide humanitaire depuis décembre, quand l’armée irakienne avait repris la ville voisine de Ramadi.

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