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Aide aux migrants: début du procès de militants suisses et italien

Les trois militants sont poursuivis pour avoir aidé des migrants à entrer illégalement en France, à Briançon, où se trouvent les locaux de l'ONG "Tous Migrants" (archives). Keystone/EPA/GUILLAUME HORCAJUELO sda-ats

(Keystone-ATS) Le procès à forte tonalité politique de trois militants suisses et italien s’est ouvert jeudi matin à Gap, dans les Alpes françaises. Ils sont poursuivis pour avoir aidé des migrants à entrer illégalement en France.

Dès 10h00, les soutiens de l’étudiante italienne de 27 ans, de l’étudiant suisse de 26 ans et du travailleur belgo-suisse de 23 ans, s’étaient massés devant le tribunal correctionnel de Gap (sud-est), placé sous surveillance policière.

Les nombreux manifestants, qui exigent leur liberté, brandissaient des pancartes annonçant “31-05-2018 – je suis un (e) délinquant (e) solidaire en bande organisée” ou “liberté pour les trois de Briançon”. Des banderoles clamaient “solidarité = délit”, “Eux, c’est nous”, “SOS Alpes solidaires”, “Halte aux répressions”.

Sur le banc, les trois prévenus, soumis à un strict contrôle judiciaire, étaient présents. Ils doivent répondre “d’aide à l’entrée irrégulière” d’étrangers avec, comme circonstance aggravante, d’avoir agi en “bande organisée”, en l’occurrence lors d’une manifestation. Ils encourent un maximum de 10 ans de prison, 750’000 euros d’amende et une interdiction du territoire français.

Probablement renvoyé

Mardi, plus de 120 personnalités du monde des arts, de la science et de la politique ont signé une tribune de soutien initiée par Cédric Herrou, agriculteur de la Roya, vallée à la frontière franco-italienne, devenu un symbole depuis sa condamnation en août pour son aide aux migrants.

Le procès devrait être probablement renvoyé en raison de l’existence d’une QPC (question prioritaire de constitutionnalité) sur ce que les militants promigrants ont baptisé “délit de solidarité” et qui doit encore être tranchée par le Conseil constitutionnel.

L’avocat de la jeune Italienne, Me Philippe Chaudon, a indiqué en ouverture du procès qu’il ne soulèverait pas pour sa part cette QPC, selon le souhait de sa cliente, anarchiste et n’accordant pas sa confiance à une décision du Conseil constitutionnel.

Michel Rousseau de l’association “Tous Migrants” avait déclaré avant l’audience au sujet de la QPC: “On est libres et égaux mais la fraternité dépend de chacun de nous”. La présidente a rappelé qu’aucun des trois prévenus n’avait “jamais été condamné”. C’est une star du barreau, Me Henri Leclerc, qui plaidera à la fin pour les trois prévenus.

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