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Albinen rencontre de premiers succès pour accroître sa population

Les autorités d'Albinen (VS) veulent croire en leur programme de revitalisation de la commune. Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) La commune haut-valaisanne d’Albinen connaît de premiers succès dans sa campagne pour gagner des habitants. Des jeunes, notamment, se sont laissé séduire par les mesures incitatives pour repeupler ce village de quelque 240 âmes.

Beat Jost, le président de la commune, sise dans le district de Loèche (VS), se réjouit du développement de l’affaire. “Nos aides à la construction d’habitations fonctionnent bien et se poursuivent”, a-t-il expliqué à Keystone-ATS. Les incitations financières semblent produire leur effet.

La commune a décidé de prendre le taureau par les cornes l’automne dernier. Les citoyens avaient alors accepté un règlement visant à repeupler un village, dont la population a reculé de 367 à 243 habitants en 80 ans (et même d’un cinquième depuis 2010), via un programme de promotion en faveur de la construction et des familles.

Deux demandes

Le règlement prévoit une aide financière de 25’000 francs par adulte seul, 50’000 par couple et de 10’000 francs par enfant. Le financement de l’opération passera par la création d’un fonds dans lequel la commune versera annuellement 100’000 francs.

Huit mois après le vote, la commune a reçu deux demandes fermes. Par ailleurs, trois autres requêtes sont sur le point d’aboutir, constate Beat Jost. Ainsi, début octobre prochain, une famille avec deux enfants viendra s’installer dans le village perché à 1300 mètres au-dessus de Loèche (VS).

Cette famille argovienne a acheté une maison et recevra pour cet acte une somme de 70’000 francs. Il ne s’agit toutefois pas d’un simple cadeau lâché sans contrepartie. En effet, il est assorti de sévères contraintes.

Incitation à rester

Les intéressés doivent avoir moins de 45 ans, s’engager à résider au moins dix ans ans dans la commune et le montant minimal de leur investissement s’élever à 200’000 francs. Les résidences secondaires et les complexes immobiliers de groupes d’investisseurs sont exclus de l’offre. Pour les étrangers, un permis C est requis.

L’incitation immobilière ne concerne pas seulement les nouveaux habitants. Elle doit aussi encourager les résidents à rester et à construire sur place. Sur ce dernier point, la commune a enregistré déjà des succès.

“La deuxième autorisation délivrée touche une personne d’Albinen, qui s’est lancée dans une grosse rénovation d’une ancienne maison”, note Beat Jost. Dans ce registre, trois autres projets émanent de jeunes indigènes, qui devraient déposer leurs requêtes dans le courant du deuxième semestre 2018.

Rouvrir l’école

Ces bonnes nouvelles constituent une bénédiction pour le village de montagne haut-valaisan, qui offre un joli point de vue sur la vallée du Rhône. En effet, plus de la moitié de la population actuelle est âgée bientôt de plus de 60 ans et les enfants manquent, ce qui a conduit à la fermeture de l’école il y a une dizaine d’années.

Pour l’heure, le village ne compte plus que deux enfants en âge de scolarité primaire et cinq en âge de scolarité secondaire. Ils doivent se rendre quotidiennement soit à Loèche-les-Bains, soit à Loèche, à chaque fois au prix de 20 minutes de bus.

“Si nous parvenons à cinq jeunes familles au cours des cinq prochaines années, ce sera un succès”, avance Beat Jost. “Attirer dix jeunes familles en cinq ans constituerait un objectif inespéré”. La perspective du pire paraît d’ores et écartée, avec les preuves d’intérêt déjà arrivées.

Conserver une autonomie

L’objectif de la démarche vise à conserver à la commune son statut d’autonomie de fonctionnement, dit encore son président. Il s’agit de l’activité du village, de la vie des associations locales, du maintien d’un magasin d’alimentation et de liaisons directes par le bus avec Loèche-les-Bains et Loèche.

“Si le processus devait conduire à la réouverture de l’école, ce serait fantastique”, avance Beat Jost. “Une perspective à laquelle nous n’osons à peine rêver aujourd’hui.”

Les ambitions du président de commune suscitent cependant des oppositions, comme l’a montré le vote de la population, qui avait accepté le plan d’action par 71 voix contre 29 le 30 novembre dernier. “Certains n’hésitent pas à affirmer que l’on jette l’argent par les fenêtres”, concède Beat Jost.

Risque d’emballement

Les opposants craignent aussi que la commune ne soit dépassée par le nombre de demandes. Le programme d’Albinen a fait certains grands titres de la presse internationale: “Un village de montagne suisse offre de l’argent à de nouveaux habitants!”.

Du coup, pas moins de 12’000 sollicitations de renseignements sont parvenues à la commune jusqu’à aujourd’hui, explique Beat Jost, sans savoir que le plan était assorti de sévères contraintes. “Encore maintenant, des personnes du Maroc, de Syrie ou d’ailleurs, viennent demander où se trouve l’argent et où l’on peut s’installer.”

C’est une situation que le président de commune regrette vivement. “Ces personnes recherchent désespérément une perspective que nous ne pouvons malheureusement pas combler.”

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