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Allemagne: Angela Merkel motive les siens, les populistes en embuscade

La chancelière allemande Angela Merkel aura fait campagne jusqu'au bout, ratissant large malgré son statut de favori. Keystone/EPA/CARSTEN KOALL sda-ats

(Keystone-ATS) Angela Merkel, favorite des élections allemandes, et son rival social-démocrate Martin Schulz se rendaient samedi dans leurs fiefs. Objectif de dernière heure: motiver les troupes à la veille d’un scrutin qui pourrait voir une poussée nationaliste historique.

La chancelière de 63 ans s’est d’abord rendue dans la matinée au quartier général de sa campagne à Berlin: “Allez, on part chercher le bifteck! Chaque voix compte!”, a lancé celle qui vise un quatrième mandat après douze ans au pouvoir.

Dans l’après-midi, elle est allée dans sa circonscription du Mecklembourg-Poméranie (nord-est), une région de l’ex-RDA où les nationalistes anti-islam de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) ont battu la CDU de Mme Merkel lors d’élections régionales l’année passée.

Ces dernières semaines, la cheffe des conservateurs s’est faite copieusement conspuer lors de rassemblements de campagne par des petits groupes de sympathisants de cette droite populiste. Ils l’accusent de “trahison” pour avoir ouvert l’Allemagne en 2015 à des centaines de milliers de demandeurs d’asile majoritairement musulmans.

Haine nationaliste

L’AfD, qui a radicalisé son discours en fin de campagne, a grappillé quelques points dans les sondages. Ce parti se classe troisième avec 11-13% des intentions de vote, devant la gauche radicale Die Linke, les libéraux du FDP et les Verts.

Un tel score serait du jamais vu dans l’Allemagne d’après-guerre. Une large partie de la société civile mettent dès lors en garde contre le vote AfD, qualifié par de nombreuses voix de parti d’extrême droite voire même d’héritier du nazisme.

Une percée de ce parti jetterait donc une ombre sur la victoire attendue des conservateurs de la CDU-CSU d’Angela Merkel, qui selon les enquêtes d’opinion (34-36%) devancent largement les sociaux-démocrates du SPD (21-22%).

Le vice-président du Comité international Auschwitz, Christoph Heubner, craint que l’essor de l’AfD, un “conglomérat d’antisémites, d’ennemis de la démocratie et de prêcheurs de haine nationaliste”, donnera “un coup d’accélérateur énorme aux populistes et extrémistes de droite dans toute l’Europe”, selon l’agence dpa.

Pour le Süddeutsche Zeitung, l’arrivée de l’AfD à la chambre basse du parlement, va “faire date dans l’histoire allemande”. “Le sérieux de la situation n’a été compris que très tard”, regrette le journal.

Schulz se donne du courage

De son côté le social-démocrate Martin Schulz a fait samedi après-midi un dernier raout électoral à Aix-la-Chapelle (ouest), près de sa ville natale. “Ca donne du courage dans les derniers mètres”, a-t-il lancé à une foule de plusieurs milliers de personnes, saluant “une grande et merveilleuse campagne électorale”. Avec un tiers d’indécis, l’ancien président du Parlement européen de 61 ans espère encore créer la surprise.

Vendredi, lors d’un grand meeting à Berlin, il a accusé Mme Merkel d’être la candidate de l’immobilisme. “Les quatre prochaines années ne peuvent être quatre ans d’inertie et de léthargie”, a-t-il martelé, dénonçant la “politique somnifère” de la chancelière.

Mais M. Schulz a peiné avec ce message, son parti gouvernant avec la CDU depuis 2013. Son appel à plus de justice sociale n’a guère mieux marché dans un pays en pleine croissance avec un chômage au plus bas.

Conservateurs-Libéraux-Ecolos?

Si la victoire semble donc acquise à Angela Merkel, la chancelière sera néanmoins au défi de former une coalition. Elle a exclu de gouverner avec les extrêmes et l’option la plus simple sur le papier serait de reconduire la grande coalition avec les sociaux-démocrates.

Mais le SPD, en pleine crise existentielle, n’a pas encore tranché et pourrait vouloir se ressourcer dans une cure d’opposition.

A en croire les sondages, une seule autre possibilité resterait alors: une alliance de la CDU-CSU avec le FDP et les Verts. Mais les divergences entre écologistes et libéraux sur l’avenir du diesel ou l’immigration promettent toutefois d’être très compliquées à gérer.

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