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Amir Abrashi: le plus suisse des Albanais

(Keystone-ATS) Il a été finaliste de l’Euro M21 en 2011 au Danemark. Il a disputé le tournoi olympique en 2012. Mais samedi, il sera dans le camp adverse: tel est l’étrange destin d’Amir Abrashi.

Né il y a 26 ans en Thurgovie, Amir Abrashi est peut-être le plus suisse des Albanais qui défieront la sélection de Vladimir Petkovic à Lens pour un “derby” capital. “Bien sûr, le contexte de ce match sera particulier, souligne le joueur du SC Fribourg. Mais nous n’en parlons pas vraiment en interne, dans l’équipe. Je suis avant tout un sportif qui ne pense qu’à donner le meilleur de lui-même. Le jeu doit rester la priorité. J’occulte tout le reste !”

Amir Abrashi comprend toutefois mal le débat sur le problème de l’identification qui a surgi ces derniers mois autour de l’équipe de Suisse. “Ce scepticisme que l’on a vu poindre ici ou là me surprend, dit-il. Je le trouve regrettable. Toute la Suisse devrait être derrière sa sélection.”

“Des liens indéfectibles”

Malgré son choix de jouer pour l’Albanie et son transfert en Allemagne l’été dernier, Amir Abrashi est resté très proche de ses anciens coéquipiers en sélection. Ainsi, Xherdan Shaqiri fut l’un des premiers à le féliciter ce printemps après la promotion du SC Fribourg en Bundesliga. “Avec Xherdan, mais aussi Granit Xhaka, Yann Sommer et Fabian Frei, nous avons tissé au fil des années des liens indéfectibles. Nous avons vécu des moments très forts.”

Notamment le 22 juin 2011 à Herning, cette ville danoise du Mydtjylland au charme désuet, où Amir Abrashi et ses copains avaient battu 1-0 la République tchèque grâce à une réussite d’Admir Mehmedi à la 114e minute pour assurer leur qualification pour les Jeux de Londres. “Encore aujourd’hui, je regarde le CD de ce match, lâche-t-il. Et quand je vois ces images, je me dis qu’il y a un côté irréel dans le fait d’affronter samedi contre les joueurs avec lesquels j’ai pu partager de tels moments.”

“Le passé ne compte plus”

Mais samedi, Shaqiri, Xhaka et Mehmedi ne devront s’attendre à aucun cadeau de la part de l’ancien no 6 des Grasshoppers. “Le passé ne compte plus, avance-t-il. Les deux équipes entendent entamer cet Euro de la plus belle des manières. J’ai le sentiment que la forme du jour décidera de l’issue de la rencontre.” Une façon de souligner que l’Albanie regardera bien la Suisse les yeux dans les yeux.

Après les Jeux olympiques, Amir Abrashi n’est pas parvenu à faire le saut en équipe A. Il est vrai qu’il se heurtait à une concurrence féroce. “J’ai tenu à avoir une discussion avec Ottmar Hitzfeld. J’ai compris la situation qui était la mienne, explique-t-il. Je lui ai alors fait part de mon désir de jouer pour l’Albanie. Il a parfaitement compris ma démarche.”

Amir Abrashi ne nourrit aujourd’hui aucune rancoeur, aucun regret. “J’ai choisi un autre chemin, poursuit-il. J’ai sans doute fait un pas en arrière. Mais le projet qui m’a été proposé par la Fédération albanaise était vraiment séduisant. Le sélectionneur Gianni de Biasi a trouvé les mots pour me convaincre de le rejoindre. Maintenant, nous devons prendre conscience que cette qualification pour la phase finale de l’Euro n’est pas une finalité. Nous voulons plus. Nous ne nous cacherons pas en France. C’est vrai, nous n’avons rien à perdre. Nous devons surfer sur l’euphorie suscitée par notre campagne de qualification pour créer à nouveau une surprise.”

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