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Amnesty dénonce des cas de torture dans une base militaire

La secte Boko Haram, active au Cameroun, fait régulièrement explosé des engins comme ici à Yola au Nigeria (archives) KEYSTONE/AP/AP PHOTO sda-ats

(Keystone-ATS) Les forces camerounaises ont torturé des suspects dans le cadre de leur campagne contre les islamistes de Boko Haram, a rapporté jeudi Amnesty International (AI). Est notamment concernée une base militaire partagée avec des troupes américaines et françaises.

L’ONG fait état d’une centaine de cas d’arrestations arbitraires et de torture par l’armée camerounaise dans le cadre des opérations contre Boko Haram entre 2013 et 2017. Certaines des victimes ont été torturées jusqu’à la mort, indique AI dans son rapport, et des femmes et des personnes handicapées ont été prises pour cibles.

La secte islamiste nigériane est à la tête depuis huit ans d’une insurrection armée en vue de créer un califat autour du lac Tchad, à l’intersection du Nigeria, du Cameroun, du Niger et du Tchad. Les attaques de Boko Haram ont déjà tué plus de 20’000 personnes.

Les atrocités commises par le groupe, notamment l’enlèvement en 2014 de plus de 200 lycéennes nigérianes à Chibok, ont amené des pays occidentaux, la France et les Etats-Unis en premier lieu, à fournir leur aide (renseignements, entraînement) à certains des pays touchés.

Le commandement militaire des Etats-Unis en Afrique a dit n’avoir reçu aucun signalement de violation des droits humains par les forces camerounaises. Un porte-parole du ministère camerounais de la défense a pour sa part accusé AI de “mauvaise foi” et l’a accusé de “transformer des meurtriers en victimes”.

Une base et un centre visés

Selon l’ONG, 80 des 101 cas de torture recensés ont eu lieu à la base de la Brigade d’intervention rapide (BIR) des forces armées à Salak, dans le nord du Cameroun, où l’insurrection islamiste est la plus présente, et dans un centre dirigé par les services de renseignement près de Yaoundé.

Amnesty précise que certains de ses membres ont observé des troupes françaises dans cette base en mai 2015 et dit détenir des photos et des vidéos établissant la présence régulière de personnel américain.

L’ONG “demande aux gouvernements américain et français d’enquêter afin de déterminer dans quelle mesure leur personnel a pu avoir connaissance des pratiques répandues de détention illégale et de torture sur la base”.

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