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Ankara frappe l’EI en Syrie, arrestations à Istanbul

(Keystone-ATS) La Turquie a pour la première fois bombardé des positions du groupe Etat islamique en Syrie. Elle a dans le même temps procédé à des dizaines d’interpellations de militants islamistes et kurdes, au lendemain d’un accrochage meurtrier avec l’EI à la frontière syrienne.

Vendredi matin, trois F-16 ont décollé de Diyarbakir, dans le sud-est, bombardant plusieurs positions tenues par l’EI en territoire syrien, avant de regagner leur base. “L’opération a rempli son objectif et ne s’arrêtera pas”, a affirmé le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

“Ce qui s’est passé depuis quelques jours montre que la situation n’est plus sous contrôle”, a renchéri le président et homme fort du pays, Recep Tayyip Erdogan. “Ce n’est pas une opération d’une nuit, elle continuera avec détermination”, a-t-il dit.

Objectif “préventif”

Le raid des avions turcs a été ordonné en représailles à l’attaque menée jeudi par un groupe de combattants djihadistes contre un poste avancé de l’armée turque près de Kilis. Un sous-officier turc a été tué et deux autres soldats blessés. Selon des sources au sein du cabinet du Premier ministre, cinq membres de l’EI ont été tués lors de cet accrochage.

Un responsable turc a précisé que les frappes de vendredi avaient également un objectif “préventif”. “Nous avons eu ces dernières semaines des informations montrant que l’EI amassait des armes”, a-t-il déclaré sous couvert de l’anonymat.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les frappes turques ont tué vendredi neuf combattants djihadistes.

Etats-Unis autorisés à utiliser Incirlik

Recep Tayyip Erdogan a confirmé que la Turquie avait enfin autorisé la coalition formée par les Etats-Unis à utiliser la base aérienne d’Incirlik, non loin de la frontière syrienne, pour ses opérations contre le groupe Etat islamique dans le nord de la Syrie.

Près de 300 personnes interpellées

Sur leur propre sol, les autorités turques ont également mené vendredi, à travers tout le pays, un coup de filet inédit contre des membres présumés de l’EI. La Turquie constitue le principal point de passage des recrues djihadistes vers la Syrie. Cette opération antiterroriste a aussi visé l’extrême-gauche et, surtout, les rebelles du PKK.

Selon Ahmet Davutoglu, près de 300 personnes, dont 37 ressortissants étrangers, ont été interpellées dans 16 provinces du pays. La presse locale rapporte que plus de 5000 policiers, dont des membres des forces spéciales appuyés par des hélicoptères, ont été mobilisés dans cette opération.

Parmi les personnes interpellées figure Halis Bayancuk, également connu sous le nom d’Abou Hanzala, présenté par l’agence progouvernementale Anatolie comme un responsable de l’EI à Istanbul. Une militante marxiste a également été tuée par la police dans cette ville, selon Anatolie.

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