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Ankara nie l’usage d’armes chimiques dans l’enclave d’Afrine

Déclenchée le 20 janvier dernier par l'armée turque, l'opération "Rameau d'olivier", vise à chasser de l'enclave d'Afrine les Unités de protection du peuple kurde (YPG), soutenues par Washington et classées groupe "terroriste" par Ankara. KEYSTONE/AP DHA/CAN EROK sda-ats

(Keystone-ATS) La Turquie n’a jamais fait usage d’armes chimiques lors de ses opérations en Syrie, a affirmé une source diplomatique turque samedi. Elle répondait à des accusations des milices kurdes YPG et de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Les YPG (Unités de protection du peuple) et l’OSDH accusent l’armée turque d’avoir lancé vendredi une attaque au gaz au cours de laquelle six civils ont été intoxiqués dans la région d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie.

“Ce sont des accusations sans fondement. La Turquie n’a jamais fait usage d’armes chimiques. Nous prenons le plus grand soin des civils dans l’opération Rameau d’olivier”, a soutenu la source diplomatique turque, dénonçant un acte de propagande. L’OSDH a de son côté annoncé qu’au moins 78 civils avaient déjà été tués depuis son déclenchement.

“Rameau d’olivier” est le nom donné par la Turquie à son offensive lancée le 20 janvier dernier contre les YPG dans le secteur d’Afrine. L’opération vise à chasser de cette enclave frontalière les YPG, soutenues par Washington et classées groupe “terroriste” par Ankara.

Le président turc Recep Tayyip Erodgan a affirmé samedi que l’armée turque et les combattants arabes syriens alliés d’Ankara avaient pris une zone de “300 km2” dans le cadre de cette offensive.

Examens chimiques prévus

Les six hommes intoxiqués étaient eux traités vendredi soir pour des problèmes respiratoires dans le principal hôpital d’Afrine.

Jiwan Mohammad, le directeur général de cet hôpital, a déclaré que les six hommes étaient arrivés aux urgences avec “des difficultés pour respirer, toussant et avec des brûlures sur tout le corps”. “Nous les avons traités et ils sont maintenant placés en observation. Nous avons conservé leurs vêtements pour des examens”, a-t-il précisé.

Il a ajouté qu’ils étaient arrivés à bord de voitures civiles d’Al-Sheikh Hadid, une localité située à l’ouest de la ville d’Afrine, et qu’ils avaient raconté au personnel médical que leur village était bombardé.

“Pupilles dilatées”

“Le pilonnage de la part ou bien de la Turquie ou de factions alliées a touché Al-Sheikh Hadid et six personnes se sont retrouvées avec des pupilles dilatées et en proie à des difficultés respiratoires”, a affirmé de son côté Rami Abdel Rahman, qui est à la tête de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Il a toutefois souligné ne pas être en mesure de dire si des gaz toxiques avaient ou non été utilisés.

Un correspondant de l’AFP a vu dans l’hôpital six hommes portant des masques à oxygène et allongés sous des couvertures en laine, certains ayant perdu conscience.

La Suisse doit “donner de la voix”

L’offensive turque sur Afrine a été abordée samedi par le Groupe socialiste aux Chambres fédérales. Pour la conseillère nationale genevoise Laurence Fehlmann Rielle, “le Conseil fédéral doit enfin donner de la voix et qualifier l’invasion turque en Syrie comme une violation du droit international”, indique le Groupe dans un communiqué.

A Strasbourg, 10’000 Kurdes environ, selon la police, ont défilé samedi pour protester contre l’offensive turque à Afrine et réclamer comme chaque année la libération de leur chef historique Abdullah Öcalan, emprisonné en Turquie.

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