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Apple, Nike, Lewis Hamilton et Bono visés par les “Paradise Papers”

Les informations du Consortium international des journalistes d'investigation s'appuient sur la fuite de 13,5 millions de documents financiers, provenant notamment d'un cabinet international d'avocats basé aux Bermudes, Appleby, obtenus par le journal allemand Süddeutsche Zeitung. KEYSTONE/EPA/TED SWISS sda-ats

(Keystone-ATS) Apple, Nike, le coureur automobile de Formule Un Lewis Hamilton ou encore Bono, le chanteur du groupe de rock U2: la liste des entreprises et personnalités visées par les “Paradise Papers” sur des pratiques d’optimisation fiscale ne cesse de s’allonger.

“Totalement écoeuré si, même en tant qu’investisseur minoritaire et passif, (…) son nom a pu être mêlé à quelque chose d’un tant soit peu illégal”, le rocker irlandais a cependant salué ces révélations du Consortium international des journalistes d’investigation.

Selon l’ICIJ, Bono est actionnaire d’une entreprise maltaise qui aurait investi dans un centre commercial lituanien. Le tout via une holding lituanienne qui aurait recouru à des techniques d’optimisation fiscale illégales.

Apple de son côté aurait utilisé le paradis fiscal britannique de Jersey pour continuer à ne pas payer d’impôts, ou très peu, après avoir dû mettre fin à des pratiques similaires en Irlande. Selon le New York Times, le groupe aurait ainsi “accumulé plus de 128 milliards de dollars de profits offshore (…) qui ne sont pas imposés aux Etats-Unis et à peine dans d’autres pays”.

Sollicité par l’AFP pour une réaction, Apple n’a pas donné suite.

Nonante-six médias

Le fabricant d’articles de sports Nike a lui créé des sociétés offshore aux Bermudes et c’est à celles-ci que les filiales de Nike devaient verser des centaines de millions d’euros pour utiliser les droits sur la marque. Avec les sommes importantes payées pour les licences, les bénéfices du groupe dans le monde ont été diminués, et donc le montant des impôts payés par Nike.

Quant à Lewis Hamilton, le quadruple champion du monde de F1, il aurait utilisé une société-écran sur l’île de Man pour économiser la TVA lors de l’achat d’un nouveau jet privé de plus de 18 millions d’euros, soit plus de 4 millions d’euros, selon le Guardian.

Dix-huit mois après les “Panama Papers” portant sur la fraude fiscale, l’ICIJ, qui regroupe 96 médias de 67 pays (dont les journaux suisses (24 Heures, Tribune de Genève, Tages-Anzeiger, Der Bund, le Matin-Dimanche ou encore la SonntagsZeitung), a commencé dimanche à dévoiler sa nouvelle enquête, après un an de travail.

“Rien de répréhensible”

Les informations de l’ICIJ s’appuient sur la fuite de 13,5 millions de documents financiers, provenant notamment d’un cabinet international d’avocats basé aux Bermudes, Appleby, obtenus par le journal allemand Süddeutsche Zeitung.

Au sein de l’Union européenne, les révélations de l’ICIJ ont été jugées “choquantes”. Bruxelles veut des “sanctions dissuasives”. Les ministres des finances de l’UE discuteront mardi de l’établissement d’une liste noire des paradis fiscaux à travers le monde

Ces “papiers” mettent également en cause les services de la Reine d’Angleterre, le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross et des ministres brésiliens et russes. Mais plusieurs des personnalités visées ont mis en avant la légalité de leurs investissements.

Glencore aussi visé

En Suisse, Glencore rejette toutes les accusations. Selon le géant zougois, les paiements pour des droits d’exploitation pour la mine de Katanga en République démocratique du Congo (RDC) correspondent aux contrats signés.

Mais les révélations des Paradise Papers ont suscité l’ire de la gauche. Dans un communiqué, le Parti socialiste note “qu’une fois de plus, la Suisse se retrouve au centre du scandale comme siège de sociétés et plaque tournante du commerce de matières premières”. Pour la gauche, la solution réside dans l’initiative pour des multinationales responsables, texte que le Conseil fédéral rejette.

L’obligation de diligence s’applique à tous, “pas seulement aux entreprises proches de la Confédération”, a souligné lundi le ministre de l’économie Johann Schneider-Ammann sur SRF. Pour le Ministère public de la Confédération, “il n’y a actuellement aucune procédure ouverte, ni enquête préalable” après ces révélations.

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