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Après Washington, Budapest se retire d’un pacte sur les migrations

Ouvertement hostile à l'accueil de réfugiés, le Premier ministre hongrois Victor Orban a fait ériger une clôture de barbelés sur les 175 km de la frontière hungaro-serbe (sud) à l'été 2015, puis sur la majeure partie de la frontière hungaro-croate (sud) (archives). KEYSTONE/AP MTI/SANDOR UJVARI sda-ats

(Keystone-ATS) La Hongrie, dirigée par un gouvernement hostile à l’immigration, a déclaré mercredi qu’elle se retirait du pacte mondial sur les migrations approuvé la semaine dernière à l’ONU. Pour Budapest, cet accord est “dangereux” car il encourage les mouvements de population.

Ce document “incitera des millions de personnes à prendre la route”, a estimé mecredi depuis la capitale le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto. Il est “dangereux pour le monde et la Hongrie”, a-t-il conclu.

“La Hongrie doit sortir du processus d’approbation (du texte) et, ce faisant, indiquer clairement qu’elle ne considère en aucune manière que les mesures ou lignes directrices du paquet constituent la voie à suivre”, a-t-il déclaré. Washington s’était retiré fin 2017 de l’élaboration du Pacte. Les Etats-Unis affirmaient eux que le pacte comprenait des dispositions contraires à la politique d’immigration de Donald Trump.

Le document prévoit notamment de renforcer la coopération internationale pour répondre au phénomène mondial des migrations. Finalisé après 18 mois de négociations, il n’est pas contraignant, ce dont doute la Hongrie, a fait savoir M. Szijjarto.

Ce texte est considéré comme le premier document international sur la gestion des migrations. Il recense une série de principes – défense des droits de l’homme, des droits des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale, etc – et comprend un catalogue de mesures pour aider les pays à faire face aux migrations: améliorer l’information, mesures pour mieux intégrer les migrants, échange d’expertises…

Pour une migration sûre

Le président de l’Assemblée générale de l’ONU, Miroslav Lajcák, a réagi en soulignant que le Pacte mondial sur les migrations “ne devait pas être vu comme une menace”. Ce document doit “au contraire être considéré comme la première plateforme de gestion du phénomène international des migrations”, a indiqué le porte-parole de Miroslav Lajcák, Brenden Varma.

“Au vu des positions diverses sur les migrations et du texte du Pacte mondial, les migrations restent une réalité. Le document n’est pas légalement contraignant et représente une aide car il fournit des outils aux Etats membres de l’ONU, qui peuvent les utiliser pour définir leur politique nationale en matière d’immigration”, a-t-il ajouté.

Le “Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulée” sera formellement entériné lors d’une conférence internationale prévue au Maroc à la mi-décembre. Miroslav Lajcák “espère que le gouvernement hongrois y sera représenté”, a enfin indiqué le porte-parole.

3,4% de la population mondiale

Au cours du processus de négociation, Budapest a exprimé sa préoccupation que l’accord puisse à terme forcer les gouvernements à ouvrir leurs frontières aux migrants.

La Hongrie, où le Premier ministre souverainiste Viktor Orban a été réélu en avril, s’est illustrée depuis 2015 par sa politique hostile à l’accueil de migrants extra-européens, position qui l’a exposée aux critiques de ses partenaires européens.

Le nombre de migrants dans le monde est estimé à 258 millions, soit 3,4% de la population mondiale.

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