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Arts et carnaval pour quitter Rio

(Keystone-ATS) Après 16 jours de compétition et 306 titres attribués, les “merveilleux” JO 2016 ont été clôturés sous la pluie et dans le vent dimanche soir au Maracana de Rio.

Et l’adjectif fut… “merveilleux”. Au petit jeu des comparatifs entre villes-hôtes, Rio a hérité “des Jeux merveilleux dans la ville merveilleuse”. Sydney, en 2000, avait accueilli “les meilleurs jeux de l’histoire”, et Londres en 2012 avait suscité une quinzaine “joyeuse et glorieuse”.

Dans la dialectique diplomatico-olympique, chaque mot compte. Et le CIO ne semble pas fâché de quitter Rio, au terme de 16 jours de compétition pas franchement emballants et parsemés de quelques affaires (12 cas de dopage, corruption). “Ces Jeux laissent un héritage unique aux générations futures. L’histoire retiendra qu’il y avait un Rio avant et un Rio bien meilleur après les Jeux”, a souligné le président du CIO Thomas Bach.

Entre deux allocutions, les regards se sont posés sur la tribune d’honneur, où siégeaient huit chefs d’État. Mais il y avait deux absents de marque: d’abord le président du Brésil par intérim, Michel Temer. Hué lors de la cérémonie d’ouverture, il “passe le week-end à Brasilia”, selon son service de presse. Mais aussi Patrick Hickey, membre éminent du CIO. Incarcéré depuis 72 heures dans une prison de haute sécurité de Rio, ce cacique de 71 ans est mis en cause dans un réseau de revente illégale de billets qui a généré au moins 2,8 millions d’euros de recette, selon la police.

Les Jeux olympiques de Rio ont pris fin dans une ambiance de carnaval à peine douchée par la météo capricieuse, à l’issue d’une cérémonie de clôture dédiée à “l’art brésilien sous toutes ses formes”, et plus particulièrement la musique. Les rythmes brésiliens avaient déjà été au coeur de la cérémonie d’ouverture. Ils l’étaient à nouveau dimanche, lors d’une cérémonie conçue comme “un miroir dans lequel les Brésiliens peuvent se reconnaître”.

Sous la pluie battante et les rafales de vent, le stade Maracana était loin d’être rempli à 20h locales, pour le spectacle lancé virtuellement par le pionnier franco-brésilien de l’aviation Alberto Santos-Dumont. C’est Barbatuques, un groupe de percussions corporelles, qui a ouvert ce nouveau festival musical, des danseurs déguisés en haras esquissant à leurs pieds des images des lieux emblématiques de Rio, du Christ Rédempteur aux arcs de Lapa.

Il y en avait dimanche, bien évidemment, pour la musique populaire brésilienne, mais aussi pour les chants traditionnels des indiens Guarani ou encore la musique électronique, matinée de sonorités locales, pendant le défilé des athlètes. Sur un air de Carmen Miranda, ambassadrice de la musique brésilienne dans les années 1930, ceux-ci ont fait leur entrée derrière les porte-drapeau des 207 délégations réunis.

Parmi eux, la gymnaste américaine Simone Biles, cinq fois médaillée à Rio (dont quatre titres). Mais aussi le tout frais champion olympique de VTT Nino Schurter, porte-drapeau d’une délégation helvétique représentée par quelque 80 personnes. Environ 50 athlètes suisses étaient de la partie (soit plus que lors de la cérémonie d’ouverture seize jours plus tôt), parmi lesquels les vététistes, les marathoniens, les avironneurs, les joueuses de beachvolley Isabelle Forrer et Anouk Vergé-Dépré ou encore les perchistes Nicole Büchler et Angelica Moser.

Puisqu’il était question d’art “sous toutes ses formes”, la soirée s’est poursuivie par des évocations, tantôt colorées, tantôt solennelles, de l’art préhistorique, du tissage, de la poterie, de la poésie d’Arnaldo Antunes ou encore de l’oeuvre de Roberto Burle Marx, paysagiste, architecte et artiste du XXe siècle. Particulièrement émouvant, un chant traditionnel des populations noires de Salvador par As Ganhadeiras de Itapua, tout de blanc vêtues, repris par le public du Maracana.

Place ensuite aux incontournables: projection des meilleurs moments des Jeux (avec hurlements à l’apparition des idoles nationales Neymar et Rafaela Silva), podium du marathon masculin, présentation des nouveaux élus à la Commission des athlètes du CIO – dont la perchiste Yelena Isinbayeva, privée de Jeux suite au scandale de dopage d’Etat russe – et hommage aux volontaires.

L’hôte des JO 2020, Tokyo, a également eu droit, comme le veut la tradition, à ses douze minutes de gloire avant l’heure. La ville, qui promet “d’amener les événements sportifs à un autre niveau, avec d’autres manières de les regarder et de soutenir les athlètes”, avait misé pour son show sur les technologies de pointe et de remarquables ambassadeurs.

Le nageur Kosuke Kitajima, septuple médaillé olympique, la marathonienne Naoko Takahashi, titrée à Sydney en 2000, le boxeur Ryota Murata, en or à Londres en 2012, mais aussi… des personnages de dessins animés et de jeux vidéos, à l’instar de Pac-Man et Hello Kitty. Clou du spectacle, l’apparition au centre de la scène de Shinzo Abe, coiffé de la casquette du super plombier Mario, a déclenché l’hilarité du public.

Ironie météorologique, c’est enfin une fausse pluie qui est venue éteindre la vasque olympique du Maracana, alors que le déluge avait finalement cessé sur Rio. La flamme carioca éteinte, la cérémonie s’est conclue sur une version en stade du carnaval de rue, avec son incontournable samba, symbole s’il ne fallait en retenir qu’un de la “ville merveilleuse”.

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