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Athènes et Skopje trouvent un accord sur le nom de la Macédoine

En Grèce aussi bien qu'en Macédoine, comme ici, des natonalistes s'opposent au changement de nom de la Macédoine (archives). KEYSTONE/EPA/GEORGI LICOVSKI sda-ats

(Keystone-ATS) Athènes et Skopje sont arrivés mardi à un accord sur le nom de la Macédoine: ce petit Etat ex-yougoslave s’appellera “République de Macédoine du nord”. La querelle sur le nom du pays a duré 27 ans.

L’annonce de l’accord a été faite par les premiers ministres grec Alexis Tsipras et son homologue macédonien Zoran Zaev dans leurs pays respectifs. L’Etat voisin sera “reconnu en Grèce en tant que Severna Makedonja”, la formulation en macédonien du nouveau nom.

Engagés dans un marathon de pourparlers pour sceller un accord, les deux hommes ont eu dans l’après-midi un nouvel échange téléphonique, après une première conversation la veille. “Nous avons un accord, un bon accord qui couvre toutes les conditions posées par la Grèce”, a annoncé Alexis Tsipras.

Les pourparlers bilatéraux avaient été relancés il y a quelques mois après l’arrivée au pouvoir du social-démocrate Zoran Zaev, qui a succédé au nationaliste Nikola Gruevski.

UE et Otan

L’enjeu d’un règlement pour la Macédoine est de décrocher un feu vert au sommet européen de fin juin pour entamer des négociations d’adhésion avec l’UE et d’obtenir une invitation à rallier l’Otan au sommet de l’Alliance des 11 et 12 juillet.

En échange de la possibilité pour son voisin de conserver le mot de Macédoine dans son nouveau nom, assorti d’une précision géographique, Athènes a exigé que Skopje révise sa Constitution pour garantir que ce nom soit utilisé tant à l’international qu’au plan intérieur.

Vu d’Athènes, un tel accord devrait sonner le glas de toute revendication de la part de l’Etat voisin de l’héritage du conquérant macédonien Alexandre le Grand, dont la Grèce se prévaut de l’exclusivité. Il doit surtout consacrer l’absence de toute visée territoriale de sa part sur la province grecque frontalière de Macédoine.

Oppositions

Mais de chaque côté de la frontière, ce compromis est combattu par les franges nationalistes. Pour entrer en vigueur, l’accord doit en effet encore passer le cap d’un référendum annoncé pour l’automne par M. Zaev.

Proche de la droite nationaliste, le président macédonien, Gjorge Ivanov avait ainsi considéré mardi en milieu de journée qu’il était “irresponsable que la question du nom (…) soit débattue au téléphone entre les Premiers ministres” et réaffirmé “le besoin d’un consensus national plus large”.

L’allié gouvernemental de M. Tsipras, le souverainiste ministre de la Défense Panos Kammenos, a quant à lui réitéré dans une conférence de presse son opposition à tout partage du nom de Macédoine, sans que cela ne menace l’accord, grâce au soutien de l’opposition de centre gauche.

C’est sur cette position jusqu’au-boutiste que la Grèce avait déclenché la bataille, à l’indépendance en 1991 de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM), obtenant qu’elle ne soit finalement admise que sous cette appellation provisoire à l’ONU en 1993.

Entretemps, 140 pays dont les Etats-Unis et la Russie l’ont reconnue sous le nom de Macédoine et, à l’époque des gouvernements conservateurs de la Nouvelle-Démocratie (2004-2009), la Grèce s’était ainsi décidée à acter la nécessité d’un compromis.

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