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Au Nicaragua, des journalistes exigent la fin des agressions

"Nous sommes des journalistes, pas des terroristes", "Assez d'agressions !", ont-ils crié, tandis que les automobilistes qui passaient au rond-point klaxonnaient pour marquer leur soutien (archives). KEYSTONE/EPA EFE/ESTEBAN BIBA sda-ats

(Keystone-ATS) Les journalistes au Nicaragua ont manifesté lundi pour exiger des autorités la fin des agressions contre la profession. La contestation contre le pouvoir du président Daniel Ortega et de son épouse Rosario Murillo a fait plus de 300 morts depuis trois mois.

Reporters, photographes ou cameramen, ils étaient quelque 200 à s’être rassemblés au rond-point d’El Periodista (Le Journaliste), à l’ouest de Managua, pour dénoncer la mort de leur collègue Angel Gahona. Ils protestaient aussi contre les agressions physiques, les menaces, les vols et la casse de matériels ou les arrestations de ces dernières semaines.

Le journaliste Angel Gahona est mort à 42 ans, tué d’une balle dans la tête le 21 avril alors qu’il couvrait en direct une manifestation pour la chaîne de télévision El Meridiano. Sa mort a été attribuée par les manifestants aux paramilitaires proches du pouvoir, mais les autorités l’ont imputée à deux habitants de sa ville d’origine, Bluefields, sur la côte caraïbe.

Il est le seul journaliste à ce jour tué depuis la vague de manifestations pour exiger la démission du président Ortega.

“Pas des terroristes”

“Nous sommes des journalistes, pas des terroristes”, “Assez d’agressions !”, ont-ils crié, tandis que les automobilistes qui passaient au rond-point klaxonnaient pour marquer leur soutien.

La manifestation était organisée après que deux correspondants de Canal 10 à Jinotega (nord) et Granada (sud) ont été arrêtés sans mandat durant le weekend. Ils étaient en train de couvrir les manifestations de soutien à l’Eglise catholique, qui tente d’intercéder entre l’opposition et le pouvoir.

Une dizaine au moins de reporters travaillant dans les villes de province ont dénoncé sur les réseaux sociaux et dans les médias nationaux des agressions physiques, des menaces ou des arrestations durant leur travail.

Des cibles

“La répression s’intensifie” contre la presse et “bien que nous y soyons exposés, cela ne veut pas dire que nous devons la tolérer”, a déclaré à l’AFP le journaliste et enseignant Guillermo Cortes.

Adelaide Moncada, journaliste et porte-parole d’un organisme de défense des droits de l’Homme, a dénoncé l’attaque à coups de mortier artisanal dont sa maison a fait l’objet de la part de partisans du pouvoir et les menaces dont elle et sa famille sont l’objet.

Depuis les plus de 100 jours que dure le mouvement populaire contre le pouvoir sandiniste, les journalistes du Nicaragua “ont couru des risques, y compris pour leur propre vie”, a déclaré Gonzalo Carrion, un responsable du Centre pour les droits de l’Homme du Nicaragua (Cenidh), citant le cas d’Angel Gahona. “Tous ceux qui ont élevé la voix se sont convertis en cibles à attaquer” aux yeux du pouvoir, a-t-il dénoncé.

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