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Australie: un gène facteur de cancer ne peut être breveté

(Keystone-ATS) La justice australienne a donné raison mercredi à une femme qui refusait qu’un gène défectueux faisant courir le risque de développer un cancer du sein soit breveté par des sociétés de biotechnologie. Cette décision devrait faire baisser les coûts du dépistage.

Yvonne d’Arcy, 69 ans, faisait valoir devant la Haute cour d’Australie que le gène BRCA1, qui augmente les risques de développer le cancer du sein et de l’ovaire, était naturel et ne pouvait faire l’objet d’un brevet.

D’après la presse australienne, ses avocats expliquaient qu’autoriser des entreprises à breveter des gènes nuisait à la recherche et au dépistage en augmentant les coûts pour les patientes souhaitant être testées.

Ce gène avait été isolé dans les années 1990 par la société américaine Myriad Genetics qui avait développé sur cette base des tests. En Australie, elle avait octroyé les droits sur le brevet à la société Genetic Technologies.

Combat de David contre Goliath

La Haute cour a estimé que si le fait d’isoler le gène résultait de l’activité humaine, cela ne suffisait pas à le considérer comme un produit brevetable. “C’est l’existence même des informations sur les séquences pertinentes qui constitue l’élément essentiel de la découverte”, a-t-elle estimé. Ce jugement est semblable à celui rendu par la Cour suprême des Etats-Unis en 2013.

Yvonne d’Arcy s’est déclarée ravie par cet arrêt qui va, dit-elle, faire baisser les coûts du dépistage. Et ce, d’autant que s’en prendre à une entreprise américaine s’apparentait à la lutte entre “David et Goliath”.

“Pour toutes celles qui ont un marqueur génétique du cancer du sein, de l’ovaire, de n’importe quel cancer, c’est une victoire”, a-t-elle ajouté. D’après les spécialistes, cette décision aura un impact favorable sur la recherche, le dépistage et le traitement du cancer en Australie.

Le plus meurtrier

Le cancer du sein est le cancer le plus meurtrier pour les femmes entre 20 et 59 ans dans le monde. Il fait environ 458’000 morts par an et quelque 1,38 million de nouveaux cas sont recensés chaque année, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Toutes les femmes n’ont pas les mêmes risques de développer un tel cancer. Celles qui présentent des risques accrus sont principalement des femmes qui ont des antécédents familiaux ou des mutations très rares des gènes BRCA1 et BRCA2.

La star américaine Angelina Jolie, porteuse de cette mutation génétique, a sensibilisé le public à cette question en choisissant de rendre publiques la double mastectomie et l’ablation des ovaires préventives qu’elle a subies.

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