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Avals américain et européen au rachat de Syngenta par ChemChina

Syngenta parle d'étape cruciale franchie dans son rachat par ChemChina après le feu vert obtenu auprès de l'Union européenne et aux Etats-Unis (archives). KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS sda-ats

(Keystone-ATS) Le rachat du groupe agrochimique bâlois Syngenta par le chinois ChemChina franchit une étape cruciale. Il reçoit coup sur coup le feu vert, sous conditions toutefois, des autorités de concurrence européenne et américaine.

La transaction à 43,2 milliards de dollars (43 milliards de francs au cours actuel), annoncé en février 2016, devrait pouvoir être finalisée d’ici au 30 juin. L’offre publique d’achat (OPA) a vu son délai d’échéance, fixé au 28 avril en l’état, prolonger à six reprises en raison de temps requis pour les diverses autorisations.

Les conditions posées par Bruxelles et Washington touchent à la cession par les deux partenaires d’activités en lien avec les pesticides. La Commission européenne demande ainsi au groupe étatique ChemChina de vendre en partie son activité dans les pesticides en Europe.

“Il importe pour les agriculteurs et, en fin de compte, pour les consommateurs européens, que la concurrence soit effective sur les marchés des pesticides, même après le rachat de Syngenta par ChemChina”, a souligné mercredi la Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, citée dans un communiqué.

“ChemChina a proposé d’importantes mesures correctives, qui répondent pleinement à nos préoccupations en matière de concurrence, ce qui nous a permis d’autoriser l’opération”, a ajouté la Danoise.

D’abord Washington

Quelques heures plus tôt, l’autorité américaine de la concurrence (FTC, pour Federal Trade Commission) avait déjà avalisé l’opération en exigeant de Syngenta qu’il cède trois pesticides. Il s’agit de l’herbicide paraquat, de l’insecticide abamectin et du fongicide chlorothalonil.

Selon la FTC, l’opération donnerait aux deux groupes une position dominante sur le marché américain. ChemChina contrôle en effet les versions génériques de ces trois produits par le biais de l’entreprise israélienne Adama qu’il détient.

Adama est le premier ou le deuxième fournisseur de produits génériques aux Etats-Unis pour chacune des marques, souligne la FTC à l’appui de son exigence. “Sans ces désinvestissements, la fusion éliminerait toute concurrence directe entre les produits génériques d’Adama de Chemchina et les marques de Syngenta.”

“L’absorption de Syngenta augmenterait aussi la possibilité que les clients américains achetant du paraquat, de l’abamectin et le chlorothalonil doivent payer des prix plus élevés ou accepter une prestation amoindrie pour ces produits”, ajoute le régulateur américain.

Syngenta satisfait

Après le double aval donné à ce qui constitue la plus grosse acquisition jamais lancée par un groupe chinois hors de ses frontières, l’opération apparaît plus que jamais sur de bons rails. Dans des communiqués publiés après chacune des décisions, Syngenta parle d’une “étape cruciale”.

“Le rachat de Syngenta par ChemChina continuera d’apporter choix et innovation aux producteurs aux Etats-Unis et dans le monde entier”, note le groupe bâlois. Un même constat est avancé pour les marchés européens. Le Comité sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS) avait déjà donné son accord à l’opération en août.

La FTC précise dans son communiqué avoir collaboré dans son examen avec ses homologues européenne, australienne, canadienne, indienne et mexicaine. Ces deux dernières doivent encore se prononcer, tout comme la Chine.

800 emplois à Monthey

Dans l’attente du bouclement, le président du conseil d’administration de Syngenta, Michel Demaré, s’est montré rassurant la semaine passée dans une interview parue dans L’Agefi. Selon lui, elle n’entraînera presque pas de changements opérationnels, aucun licenciement n’étant non plus prévu en Suisse.

Outre Bâle, Syngenta est notamment présent à Monthey (VS) en Suisse, pays où la multinationale occupe 3300 personnes. Concernant le site valaisan spécifiquement, il constitue ni plus ni moins que sa plus grande infrastructure de production, avec quelque 800 postes. Les syndicats ont toutefois émis des craintes quant à l’emploi.

A la Bourse suisse, l’action Syngenta prenait 1% à 452 francs environ en fin de séance. Les analystes voient dans les décisions tombées mercredi une excellente nouvelle, capable de soutenir le cours d’un titre qui évolue 5% sous le niveau du prix de l’OPA (465 dollars et 5 francs de dividende spécial par action).

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