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Avortement: manifestations contre le durcissement de la loi

Des organisations féministes et des défenseurs du droit à l'avortement ont protesté à travers la Pologne contre une tentative des ultraconservateurs de limiter encore le droit à l'IVG. KEYSTONE/EPA PAP/STANISLAW ROZPEDZIK sda-ats

(Keystone-ATS) Des organisations féministes et des défenseurs du droit à l’avortement ont protesté mercredi à travers la Pologne contre une tentative des ultraconservateurs de limiter encore le droit à l’IVG. Il est déjà très restreint.

Un millier de manifestants ont ainsi marché dans le centre de Varsovie contre ce qui mène, selon eux, à l'”interdiction totale de l’avortement” en Pologne.

“Je ne vais pas capituler. Toute ma vie je lutte pour mes droits de femme”, a déclaré une membre du mouvement Grève des femmes, qui coorganisait la marche à Varsovie. Des manifestations similaires, de moindre envergure, ont eu lieu dans une cinquantaine de villes de province, dont Cracovie, Lodz, Wroclaw et Szczecin, selon les médias locaux.

La semaine dernière, plus d’un an après “la protestation noire” des femmes qui avait fait échouer une démarche similaire dans ce pays catholique, le parlement dominé par le parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS) a envoyé en commission un texte qui supprime la possibilité d’interrompre la grossesse en cas de malformation du foetus.

Débat houleux

Si l’amendement à la loi actuelle – fruit d’un compromis laborieusement atteint en 1993 – proposé par le Comité “Stop Avortement” est adopté, l’IVG ne sera plus autorisée que dans deux cas: risque pour la vie ou la santé de la mère, et grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste.

Ces deux cas ne représentent qu’un petit pourcentage des causes avortements légaux, la malformation du foetus étant à l’origine de 1046 avortements, soit 96% des IVG pratiquées légalement en Pologne en 2016, selon Stop Avortement.

Un deuxième projet d’initiative citoyenne, libéralisant l’IVG, a lui été rejeté après un débat houleux de quelques heures. Ce texte prévoyait l’accès à l’IVG jusqu’à la 12e semaine de grossesse pour des raisons psychologiques et sociales, ainsi que l’introduction de l’éducation sexuelle dans les écoles et un accès libre à “la pilule du lendemain”.

Partis visés

L’abstention ou l’absence d’une quarantaine de députés de l’opposition centriste et libérale lors de ce dernier vote (alors qu’il aurait suffi qu’une dizaine votent pour envoyer le texte en commission) ont provoqué la colère des milieux favorables au droit à l’avortement.

Elles ont déclenché une crise au sein de l’opposition qui, depuis plus de deux ans, cherche à trouver une réponse adéquate aux changements controversés introduits par le PiS, dont certains sont perçus à Bruxelles comme une menace contre l’Etat de droit en Pologne.

Aussi les manifestants s’en sont-ils pris à tous les principaux partis politiques, commençant leur marche à Varsovie devant le siège de la Plateforme civique (PO, centriste, opposition), avant d’aller devant celui des libéraux de Nowoczesna et arriver devant le QG du PiS, ouvertement favorable à la nouvelle restriction.

“Après les votes sur le projet ‘Sauvons les femmes’ nous nous considérons comme laissées à nous-mêmes”, dit le tract de la Grève des Femmes. Dans la journée, les libéraux de Nowoczesna ont annoncé que “pour se rattraper”, ils allaient soumettre au parlement une nouvelle fois le texte rejeté dans le vote fatal.

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