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Bachelet demande une action du Conseil des droits de l’homme sur le Venezuela et le Nicaragua

La Haut commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet demande davantage d'efforts sur le Venezuela et le Nicaragua. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) La Haut commissaire aux droits de l’homme veut une action au Venezuela et au Nicaragua. Pour sa première au Conseil des droits de l’homme, Michelle Bachelet l’a appelé lundi à Genève à “toutes les mesures disponibles”. Le Venezuela s’en est lui pris aux Etats-Unis.

Contrairement à son prédécesseur Zeid Raad al-Hussein, l’ancienne présidente chilienne n’a pas explicitement demandé une Commission d’enquête internationale au Venezuela. Jusqu’à présent, seuls des rapports du Haut-commissariat avaient ciblé de possibles crimes contre l’humanité. Mais les autorités vénézuéliennes ont toujours relevé qu’elles ne pouvaient prendre en compte des documents qui n’avaient pas été mandatés par le Conseil.

Selon les estimations, environ 2,3 millions de personnes avaient fui le Venezuela en quatre ans jusqu’à début juillet. Et des milliers continuent de les suivre chaque jour, déplore Mme Bachelet.

Ces déplacements sont “sans précédent” dans l'”histoire récente” du continent américain, a ajouté l’ancienne détenue politique. Les besoins humanitaires sont “écrasants”, selon le directeur régional de la Fédération internationale des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) Walter Cotte.

Discussions secrètes révélées

Des analyses qui ne convainquent pas le Venezuela. S’appuyant sur un rapport de l’ex-expert indépendant pour la promotion de l’équité sur la scène internationale, Alfred de Zayas, le ministre des Affaires étrangères Jorge Arreaza a nié devant le Conseil toute crise humanitaire.

Avant de répondre mardi à Mme Bachelet, il a à nouveau ciblé les rapports du Haut commissariat comme partiaux. Il attribue les difficultés aux sanctions économiques américaines et européennes.

Et à la volonté américaine “d’interférer” dans les affaires de son pays, au lendemain du dévoilement de rencontres secrètes entre militaires des deux pays pour aborder un éventuel coup d’Etat contre le président Nicolas Maduro. M. Arreaza a demandé de mettre un terme au “harcèlement” contre le Venezuela. Mme Bachelet a accepté de le rencontrer, a dit à l’AFP une porte-parole du Haut commissariat.

Plusieurs centaines de victimes au Nicaragua

Autre situation en Amérique latine, après l’expulsion d’une équipe du Haut-commissariat du Nicaragua, Mme Bachelet appelle le Conseil “à renforcer sa surveillance sur ce pays”. Dans un rapport, son bureau a récemment visé un usage disproportionné de la force et de nombreuses violations dans la répression des manifestations contre le président Daniel Ortega. Des violences qui ont fait au moins 400 victimes.

La Haut commissaire n’a pas mentionné explicitement le départ des Etats-Unis du Conseil. “Il devrait y avoir davantage d’engagement d’Etats membres. Pas de disputes stériles. Pas de retraits”, a-t-elle toutefois dit. Tout en expliquant qu’elle écoutera toujours les gouvernements.

Les Etats-Unis ont été épinglés plus directement. La Haut commissaire déplore que 500 enfants migrants vers ce pays n’aient toujours pas retrouvé leur famille après la politique de séparation menée par l’administration de Donald Trump, abandonnée depuis. Autre puissance ciblée, la Chine est appelée à laisser entrer une équipe du Haut-commissariat après de récentes accusations de détentions arbitraires contre des Ouïghours dans des camps d’internement.

Mécanisme sur les Rohingyas

Pendant la session du Conseil dans les trois prochaines semaines, la dernière de la Suisse comme membre, les Etats discuteront notamment des récentes recommandations de la Mission d’établissement des faits en Birmanie. Celle-ci avait souhaité des poursuites contre six hauts responsables de l’armée pour intentions génocidaires contre les Rohingyas dont des centaines de milliers ont rejoint le Bangladesh.

Elle demande aussi un Mécanisme international indépendant pour préparer et préserver les preuves (MIII), sur le modèle de celui qui avait été lancé pour la Syrie. Mme Bachelet a exhorté à une résolution pour établir ce dispositif et à le faire approuver ensuite par l’Assemblée générale de l’ONU.

En Europe, la Chilienne s’en est prise aux “conséquences dévastatrices” de la “posture politique” de l’Italie qui refuse le débarquement de bateaux de migrants sur son territoire. Son bureau va envoyer une équipe dans ce pays mais aussi en Autriche. Mme Bachelet est entrée en fonctions début septembre. Son mandat est prévu pour quatre ans.

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