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Bactérie résistante aux antibiotiques dans le lait de vache

La bactérie porteuse du gène de résistance vit sur la peau des vaches et peut se retrouver dans le lait (archives). KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER sda-ats

(Keystone-ATS) Une bactérie inoffensive pour l’être humain mais pouvant se trouver dans le lait de vache est porteuse d’un gène de résistance aux antibiotiques, ont constaté des chercheurs bernois. Ils craignent une transmission au staphylocoque doré.

La bactérie Macrococcus caseolyticus vit sur la peau des vaches laitières et peut se retrouver dans le lait lors de la traite, et ensuite dans des produits à base de lait cru. Or l’équipe de Vincent Perreten, bactériologue vétérinaire à l’Université de Berne, vient de constater qu’elle est porteuse d’un gène de résistance à la méthicilline.

Ce gène est différent de celui identifié chez le staphylocoque doré résistant à la méthicilline, bactérie responsable d’infections potentiellement mortelles chez l’humain, mais les chercheurs craignent des échanges génétiques entre les deux espèces, ainsi qu’ils l’expliquent dans la revue Scientific Reports. Les deux bactéries partagent en effet un environnement commun, la peau et les muqueuses de l’homme et des animaux.

Les scientifiques bernois ont fait cette découverte après des années d’investigations sur le lait de vaches souffrant de mammites. Ces inflammations sont normalement traitées avec de la pénicilline et des céphalosporines, qui comme la méthicilline font partie des bêta-lactamines, une classe d’antibiotiques.

Or les bactéries Macrococcus caseolyticus en cause étaient résistantes aux traitements, ce qui a conduit les chercheurs sur la piste du nouveau gène, écrit l’Université de Berne dans un communiqué. Pire, ledit gène leur confère une résistance à tous les bêta-lactamines, et même à la dernière génération d’antibiotiques à large spectre utilisé contre les infections au staphylocoque doré en milieu hospitalier.

Les chercheurs redoutent par conséquent que ce dernier ne s’approprie ce nouveau gène. Un tel échange peut se produire dans la nature: une bactérie Macrococcus caseolyticus résistante a déjà été repérée sur un chien souffrant d’un infection de la peau, ce qui signifie qu’elle peut coloniser d’autres animaux que les vaches.

Ce n’est pas le cas pour l’instant chez l’humain. Les chercheurs appellent toutefois à la vigilance, ainsi qu’à limiter d’urgence l’usage inapproprié des antibiotiques, susceptible de favoriser l’expansion de cette nouvelle forme de résistance.

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