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Baisses d’impôts, déréglementations: le choc économique de Trump

Donald Trump vient de vivre la pire semaine de sa campagne. Il tente de redresser la barre avec des promesses fiscales alléchantes. KEYSTONE/AP/EVAN VUCCI sda-ats

(Keystone-ATS) Pour enrayer sa chute dans les sondages, Donald Trump a déplacé lundi le débat sur l’économie en proposant des mesures chocs. Le candidat républicain à la Maison Blanche a promis un moratoire sur toute nouvelle réglementation et une baisse généralisée des impôts.

Lors d’un discours au club économique de Detroit, capitale de l’industrie automobile américaine, l’homme d’affaires a d’abord dépeint les huit années de la présidence de Barack Obama comme un poids sur les entrepreneurs. D’Hillary Clinton, présentée comme l’héritière de l’ère Obama, il a dit: “Elle est la candidate du passé. Nous sommes l’avenir”.

“La ville de Detroit est l’exemple vivant de l’échec de la politique économique de mon adversaire”, a-t-il déclaré, dans cette cité industrielle qui a perdu une partie de ses habitants depuis son âge d’or. Son intervention a été interrompue à de nombreuses reprises par des manifestants.

Le milliardaire populiste a également renouvelé sa dénonciation des traités de libre-échange. “Hillary Clinton a soutenu les accords commerciaux qui ont fait perdre à cette ville et à ce pays leurs emplois et leurs richesses”, a déclaré M. Trump, en citant le traité de libre-échange nord-américain (Aléna) signé par Bill Clinton en 1993 avec le Mexique et le Canada.

Alléger le fardeau des parents

Après une série de polémiques qui ont affaibli sa position face à sa rivale démocrate, le milliardaire espère tourner la page avec des propositions fiscales plus qu’alléchantes. Il a donc promis une simplification fiscale généralisée, avec une forte baisse de l’impôt sur le revenu.

D’après un membre de son équipe de campagne, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, le programme économique de Donald Trump allégera le fardeau fiscal des parents, car “nous ne voulons pas qu’avoir des enfants soit un désavantage économique”.

Conformément à une idée figurant déjà sur son site internet, Donald Trump compte en outre abaisser le taux de l’impôt sur les sociétés à 15%. Le taux actuel est de 35% et les républicains militent de longue date en faveur de sa réduction.

“Révolution fiscale”

L’objectif de ce plan est de réduire la fiscalité des entreprises afin, notamment, d’inciter les multinationales à rapatrier leurs bénéfices réalisés à l’étranger, selon le banquier Stephen Calk, l’un des membres de son équipe de 13 conseillers économiques, dévoilée la semaine dernière.

D’après M. Calk, les propositions du candidat républicain en matière d’impôts constituent la plus grande révolution fiscale aux Etats-Unis depuis les réformes de Ronald Reagan en 1986. Mais le candidat n’a pas décrit la façon dont il financerait son important plan de baisses d’impôts, autrement que par une hausse supposée de la croissance, ce que contestent plusieurs économistes.

M. Trump veut aussi renforcer la protection de la propriété intellectuelle et imposer un moratoire sur les nouvelles réglementations fédérales. Il s’est engagé à “supprimer les bureaucrates qui ne savent que tuer l’emploi (et à) les remplacer par des experts qui savent comment créer des emplois”.

Annuler l’accord de Paris

Du côté de l’énergie, M. Trump n’y va pas par quatre chemins: il veut relancer l’extraction de charbon en supprimant des réglementations environnementales qui rendaient les anciennes centrales thermiques au charbon obsolètes.

Il souhaite également relancer l’extraction offshore. Il demandera à la société TransCanada de renouveler la demande de permis pour son projet d’oléoduc Keystone XL entre le Canada et les Etats-Unis, rejeté par l’administration Obama en 2015. Enfin, M. Trump veut annuler le plan climat de Barack Obama ainsi que l’accord de Paris sur le climat.

Pire semaine de campagne

Donald Trump a fait fortune dans l’immobilier à New York et il n’a jamais exercé de mandat électif. Il met en avant cette expérience d’homme d’affaires pour défendre sa capacité à créer des emplois et critiquer l’actuel président démocrate Barack Obama.

De l’avis de nombre d’observateurs de la vie politique américaine, M. Trump vient de vivre la pire semaine de sa campagne. Elle a été marquée par une polémique avec les parents d’un soldat américain musulman tué dans la guerre en Irak, mais aussi par de nouveaux affrontements avec certains dirigeants du Parti républicain.

Cette séquence a eu des répercussions dans les intentions de vote. Un sondage publié dimanche par le Washington Post et ABC News lui donne ainsi huit points de retard sur Hillary Clinton, à 42% contre 50%.

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