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Bataille des superordinateurs: l’UE veut rattraper son retard

La Suisse compte l'un des superordinateurs les plus performants, le "Piz Daint", basé à Lugano (archives). KEYSTONE/TI-PRESS/GABRIELE PUTZU sda-ats

(Keystone-ATS) L’Union européenne veut investir un milliard d’euros d’ici à 2020 pour se doter de superordinateurs plus performants afin de rattraper son retard face aux Etats-Unis et à la Chine, a annoncé jeudi la Commission européenne à Bruxelles. La Suisse participe à ce projet.

“Avec ce projet, nous participons au marathon (…). Nous courons tous, la Chine, les Etats-Unis. Nous (les Européens, ndlr) devons courir un peu plus vite”, a déclaré le Commissaire européen à la Recherche, Carlos Moedas, lors d’une conférence de presse.

Son homologue en charge de l’Economie et de la société numérique, Mariya Gabriel, a tiré la sonnette d’alarme: “En 2012, l’Europe avait quatre des dix premiers supercalculateurs au monde. Aujourd’hui nous ne sommes pas dans le top ten”.

Manque d’indépendance

Un superordinateur ou supercalculateur permet de traiter de gros volumes de données et d’effectuer des calculs complexes, utilisés par exemple dans les prévisions météorologiques ou de tremblements de terre, la conception de nouveaux avions ou de nouveaux médicaments.

A l’heure actuelle, les scientifiques et les entreprises d’Europe effectuent de plus en plus souvent le traitement de leurs données en dehors de l’UE, car le temps de calcul disponible dans l’Union ne suffit pas à leurs besoins, a souligné l’exécutif européen.

Ce manque d’indépendance constitue une menace pour la vie privée, la protection des données, les secrets commerciaux et la propriété des données, notamment pour les applications sensibles, a-t-il pointé.

Treize Etats participants

La Commission va mettre 486 millions d’euros sur la table. Cette somme sera complétée par un montant similaire collecté par douze Etats de l’UE (France, Allemagne, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Belgique, Slovénie, Bulgarie, Grèce, Croatie) et la Suisse. “D’autres pays de l’UE vont nous rejoindre”, a prédit M. Moedas, “ils vont le faire très vite, car ils en ont besoin”.

Concrètement, le projet prévoit l’acquisition et l’exploitation de deux superordinateurs de classe mondiale et d’au moins deux machines de calcul intensif de milieu de gamme. Ces derniers seront accessibles aux utilisateurs publics et privés dans l’UE à partir de 2020. Parallèlement, est lancé un programme de recherche en matière de calcul à haute performance.

La Suisse en pointe

En signant une déclaration commune avec les douze pays de l’UE, la Suisse n’a “pour le moment contracté aucun engagement financier”, a précisé à l’ats le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI). On ignore pour l’instant si et comment Berne participera à la construction de ces supercalculateurs.

La Confédération espère qu’une possible collaboration avec l’UE lui permettra de conserver la bonne situation actuelle dans le domaine, voire de la développer.

Selon le SEFRI, la Suisse est actuellement “bien placée” en matière de supercalculateurs, notamment grâce au Centre suisse de calcul scientifique (CSCS) à Lugano, affilié à l’EPFZ. Des superordinateurs y sont à disposition pour “des projets de recherche et des mandats d’intérêt national”. MétéoSuisse exploite par exemple ses modèles météorologiques au CSCS.

Le superordinateur “Piz Daint”, installé à Lugano, compte depuis 2013 parmi les calculateurs les plus performants du monde. Sa puissance de calcul a été plus que triplée à la fin 2016 et il est de facto l’ordinateur le plus rapide d’Europe, souligne le SEFRI.

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