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Battisti remis aux autorités italiennes en Bolivie

Cesare Battisti avait été condamné à la prison à perpétuité en Italie pour quatre meurtres (archives). KEYSTONE/EPA EFE/FERNANDO BIZERRA JR. sda-ats

(Keystone-ATS) L’ex-activitiste d’extrême gauche Cesare Battisti a été remis dimanche par la Bolivie aux autorités italiennes à Santa Cruz (est). Un avion le ramenant vers Italie en a décollé vers 17h00 locales (22h00 en Suisse), ont constaté des journalistes de l’AFP.

Cesare Battisti, arrêté samedi soir à Santa Cruz, a été transféré par la police à l’aéroport international de Viru-Viru, à 900 km de La Paz. Les autorités italiennes avaient envoyé un avion depuis Rome pour pour le transfèrement de l’ancien militant gauchiste. Le ministère de l’Intérieur italien a confirmé peu après que l’avion avait bien décollé de Santa Cruz avec Cesare Battisti à son bord.

“Dans les prochaines heures, ce ressortissant italien sera remis par Interpol Bolivie à Interpol Italie pour être transféré sur un vol envoyé par les autorités italiennes”, avait peu avant déclaré le ministre bolivien de l’Intérieur, Carlos Romero, lors d’une conférence de presse à Santa Cruz. C’est dans cette ville que Cesare Battisti, en cavale depuis un mois, a été capturé samedi soir.

Selon le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini, Cesare Battisti devrait arriver à Rome vers 11h30 lundi matin.

“Directement à Rome”

“Il rentrera directement de la Bolivie. De cette façon, l’ex-terroriste purgera la peine prononcée par la justice italienne: la perpétuité!”, a précisé de son côté le ministre italien de la Justice Alfonso Bonafede sur son compte Twitter.

Dans un entretien à la télévision italienne Rainews24, le ministre a expliqué dimanche que le Brésil ne prévoit pas de peines à perpétuité. Dans le passé un accord avait donc été signé avec ce pays prévoyant de réduire la peine à 30 ans de prison, l’Italie préférant faire ce compromis pour récupérer le fugitif. Ceci n’est toutefois plus d’actualité avec une expulsion depuis la Bolivie.

Il doit être placé dans la prison de Rebibbia à Rome. Les geôles italiennes attendent Cesare Battisti “non pas à cause de ses idées politiques, mais bien pour les quatre crimes qu’il a commis ainsi que pour divers délits liés à la lutte armée et au terrorisme”, a commenté le chef du gouvernement italien.

Condamné par contumace à la réclusion à perpétuité pour quatre homicides et complicité de meurtres dans les années 1970 – les “années de plomb” en Italie -, Cesare Battisti, 64 ans, vivait en exil au Brésil depuis 2004, après avoir passé près de 15 ans en France.

“Justice sera faite”

Il avait refait sa vie dans ce pays où il a un jeune fils de cinq ans environ de mère brésilienne, une paternité sur laquelle il comptait d’ailleurs pour le protéger légalement d’une extradition du Brésil. L’ancien activiste gauchiste a toujours clamé son innocence.

Le président brésilien Jair Bolsonaro a félicité dimanche sur Twitter “les responsables de la capture du terroriste Cesare Battisti”. En 2010, ce dernier avait bénéficié d’une décision du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, du Parti des Travailleurs (PT), qui avait bloqué son extradition vers l’Italie pourtant autorisée par la Cour suprême.

“Enfin, justice sera faite (concernant) l’assassin italien, qui partage les idées d’un des gouvernements les plus corrompus qui aient existé au monde”, a commenté dimanche le président Bolsonaro, qui a surfé sur un fort rejet du PT pour remporter la présidentielle haut la main le 28 octobre.

Le 13 décembre, un juge de la Cour suprême du Brésil avait ordonné l’arrestation de Cesare Battisti “en vue d’une extradition”. L’acte d’extradition avait été signé le lendemain par le président conservateur Michel Temer, auquel Jair Bolsonaro a succédé le 1er janvier. Mais les autorités brésiliennes avaient ensuite perdu sa trace. Selon une source gouvernementale bolivienne, il est entré “de manière illégale dans le pays”.

La prison, pas “la plage”

Le ministre italien de l’Intérieur a remercié les forces de l’ordre italiennes et étrangères qui ont permis l’arrestation d'”un délinquant qui ne mérite pas une vie confortable à la plage, mais de finir ses jours en prison”. Le chef de La Ligue (extrême droite), homme fort de l’Italie, n’a pas manqué aussi d’adresser des remerciements à Jair Bolsonaro, son nouvel allié.

Cesare Battisti avait été repéré “avec certitude” en Bolivie, la semaine dernière à Santa Cruz, où une opération avait été préparée avec la police bolivienne, a-t-on appris auprès du gouvernement italien.

“Battisti a été arrêté dans la rue, il n’était pas armé et n’a pas opposé de résistance. Il a répondu à la police en portugais et montré un document brésilien qui confirmait son identité. Désormais l’Italie l’attend”, ont ajouté des sources au ministère de l’Intérieur.

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