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Berceau de l’humanité: statut de l’Afrique de l’Est en question

Les archéologues ont trouvé à proximité des silex taillés des dizaines d'ossements d'animaux fossilisés (archives). KEYSTONE/AP/HIDAJET DELIC sda-ats

(Keystone-ATS) Des archéologues ont découvert en Algérie des outils en pierre taillée vieux de 2,4 millions d’années, bien plus anciens que ceux trouvés dans cette région jusqu’alors. Cette découverte pourrait remettre en cause l’Afrique de l’Est comme berceau unique de l’humanité.

Les galets en calcaire et en silex taillés ont été découverts à Sétif, à 300 km à l’est d’Alger, par une équipe de chercheurs internationaux dont des chercheurs algériens, selon leurs travaux publiés jeudi dans la prestigieuse revue Science. Les outils ressemblaient exactement à ceux dits Oldowan, trouvés jusqu’alors principalement en Afrique de l’Est.

Ils ont aussi déterré à proximité des dizaines d’ossements d’animaux fossilisés, présentant ce qui ressemble à des marques d’outils – de véritables outils de boucherie préhistoriques. Ces ossements proviennent d’ancêtres crocodiles, éléphants, hippopotames ou encore girafes.

Depuis des décennies, l’Afrique de l’Est est considérée comme le berceau de l’humanité. On y a trouvé les outils les plus anciens: 2,6 millions d’années. La découverte annoncée jeudi, sur le site d’Aïn Boucherit, rivalise désormais avec cette période.

Origines multiples

Cela pourrait signifier que les techniques d’outils sont rapidement sorties d’Afrique de l’Est. Autre hypothèse avancée par les chercheurs: “un scénario d’origines multiples des anciens hominidés et des technologies lithiques, à la fois en Afrique de l’Est et du Nord”.

“Le site d’Ain Lahnech est le deuxième plus ancien au monde après celui de Kouna en Ethiopie qui remonte à 2,6 millions d’années, considéré comme le berceau de l’humanité”, explique à l’AFP le professeur Mohamed Sahnouni, qui a dirigé l’équipe de recherche et travaille depuis des années sur ce site. Les découvertes ont été faites sur deux couches archéologiques, l’une datée de 2,4 millions d’années et la seconde de 1,9 million d’années.

Les ancêtres de l’homme étaient donc présents en Afrique du Nord au moins 600’000 ans plus tôt que ce que les scientifiques croyaient jusqu’à maintenant. Auparavant, les plus vieux outils d’Afrique du Nord dataient de 1,8 million d’années, sur un site proche.

Aucun reste humain n’a été découvert: on ignore donc quelle espèce d’hominidés, quel ancien cousin d’homo sapiens (apparu bien plus tard) utilisait ces outils.

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