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Berne va dépenser 5 millions pour lutter contre la radicalisation

La lutte contre le terrorisme passe par des mesures pénales et policières mais aussi par la prévention. La Confédération va libérer cinq millions de francs pour des projets contre la radicalisation (archives). KEYSTONE/AP/JEROME DELAY sda-ats

(Keystone-ATS) En plus des mesures pénales et policières, la prévention peut jouer un rôle dans la lutte contre le terrorisme. Le Conseil fédéral a décidé mercredi d’allouer 5 millions de francs pendant cinq ans pour soutenir des projets concrets contre la radicalisation.

Cette somme sera disponible dès le début de 2019. La Confédération pourra soutenir de nouveaux projets comme ceux existants déjà. Elle pourra financer la constitution d’un pool d’experts nationaux aidant cantons et communes à désengager et réintégrer les personnes radicalisées.

Cantons, communes ou ONG

Les subventions pourront aller à des programmes initiés par les cantons et les communes ainsi que par des organisations non gouvernementales. Ces dernières devront avoir leur siège en Suisse et les mesures prévues être réalisées intégralement en Suisse.

Les projets qui souhaitent en bénéficier doivent avoir pour but d’empêcher et de combattre la radicalisation et l’extrémisme violent. Ils doivent en outre servir à la sensibilisation, à l’information, à la transmission de connaissances, au conseil, à la formation continue ou à la recherche.

Les demandes de soutien financier peuvent déjà être déposées en 2018. Une structure de suivi qui rassemble tous les acteurs de la Confédération et des cantons sera créée. La coordination sera assurée par le délégué du Réseau national de sécurité (RNS).

Le Bureau du RNS devra s’accorder avec l’Office fédéral de la police (fedpol) qui décidera de l’octroi des aides financières. Si les demandes dépassent les moyens disponibles, un ordre de priorité sera fixé et soumis au Département fédéral de justice et police.

Plan national d’action

La Confédération, les cantons, les villes et les communes s’étaient déjà mis d’accord en décembre sur un plan national d’action. Chaque canton est appelé à instaurer une autorité pour la réintégration des personnes radicalisées. Tous les acteurs, de l’enseignant au policier, doivent être impliqués dans la prévention du terrorisme.

Des interventions ciblées peuvent être envisagées auprès des jeunes en situation difficile. Des contre-discours à la propagande devraient être proposés sur Internet. Des initiatives ont déjà été lancées, comme à Genève: réseau de “référants” dans les écoles, formation pour les imams à l’Université, prolongation de la formation obligatoire jusqu’à l’âge de 18 ans.

Trois volets

Ces mesures constituent un des trois volets du concept fédéral de lutte contre le terrorisme. Le Conseil fédéral a mis deux autres projets en consultation. Le premier précise quels sont les actes interdits et quelle est la peine encourue. La Suisse devrait interdire le recrutement, l’entraînement et le voyage en vue d’un acte terroriste.

Les peines maximales pour participation et soutien à des organisations terroristes devraient être relevées. La collaboration avec l’étranger devrait en outre être améliorée.

Le dernier volet porte sur les mesures qui s’appliqueront ainsi lorsqu’une personne constitue une menace, mais qu’il n’y a pas assez d’indices pour ouvrir une procédure pénale.

Les personnes à risques pourraient être obligées de s’annoncer régulièrement à un poste de police ou à une autre autorité. Elles pourraient être interdites de contact, de périmètre, ou de quitter le territoire. Celles qui représentent une forte menace pourraient être assignées à un certain lieu.

La localisation des téléphones portables ou le recours à des bracelets électroniques sont aussi prévus. Les ressortissants étrangers radicalisés en passe d’être expulsés pourraient être détenus s’ils représentent une menace pour la sécurité intérieure de la Suisse.

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