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Bertrand Tavernier récompensé à Venise pour ses 40 ans de carrière

(Keystone-ATS) Le réalisateur français Bertrand Tavernier, 74 ans, a reçu mardi un Lion d’or à la Mostra de Venise pour ses 40 ans de carrière. Il a dit “assumer tous ses films, tous faits librement et sans compromis”.

“Je remercie mon père qui m’a appris à admirer, qui m’a appris le sens de l’histoire, ma femme car c’est très dur de vivre avec un metteur en scène et Philippe Noiret, sans qui je n’aurais jamais pu faire de film”, a-t-il déclaré en recevant sa première grande récompense internationale des mains de l’actrice Sabine Azéma.

Lui qui a remporté quatre Césars, un Oscar, le prix Louis-Delluc et un prix de la mise en scène à Cannes en 1984 s’est dit “extraordinairement touché de recevoir ce prix du pays de Rossellini, Fellini, Risi, Comencini, Scola…”.

“Tous ces metteurs en scène, que j’ai connus et beaucoup aimés, ont contribué à mon amour du cinéma”, a déclaré le réalisateur, amaigri après avoir subi récemment une opération.

Sans compromis

Interrogé sur sa carrière et sa place particulière dans le paysage cinématographique français, Bertrand Tavernier a répondu qu’il “s’en fichait un peu”. “Ce qui compte, c’est que je n’ai fait que les films que j’ai voulu faire, je les ai faits librement, j’ai fait des choix et je les ai assumés”, a-t-il. “Je n’ai jamais fait de compromis pour les faire”.

Parlant du cinéma français actuel, Bertrand Tavernier, connu pour son militantisme politique et ses films engagés, estime qu’un “bon film pardonne quinze films déprimants”, évoquant ces “comédies horribles, qui vous font enrager”.

Mais le cinéma français, c’est aussi “Dheepan”, “le film de Jacques Audiard primé à Cannes, tourné en partie en tamoul et financé par la France”, s’est-il réjoui.

Il a évoqué le “climat” actuel en France, qui est “terrible” pour “les élites, les gens qui devraient donner l’exemple”, contrairement aux “gens humbles, en province, qui sont exceptionnels”, “une France d’en bas, populaire, qui a échappé au Front National et dont les médias ne parlent pas”. “C’est la France que j’aime”, a-t-il asséné.

Hommage à Philippe Noiret

Questionné sur sa longue collaboration avec Philippe Noiret, il a raconté comment l’acteur l’avait soutenu pendant plus de deux ans avant de trouver un financement pour “L’horloger de Saint-Paul” (1974).

Philippe Noiret, c’était “un seigneur, un gentleman: je me suis énormément amusé en travaillant avec lui, il avait une conception rigoureuse de son métier, c’était un travailleur extraordinaire, d’une pudeur incroyable, d’une délicatesse et d’une politesse inouïes”. “Je pense tout le temps à lui”, a-t-il confié.

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