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BLS s’attaque au monopole des CFF sur les grandes lignes

Bernard Guillelmon, CEO de BLS SA, ici en gare de Belp/BE (archives). KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER sda-ats

(Keystone-ATS) Comme attendu, la compagnie BLS entend marcher sur les plates-bandes des CFF. Elle se porte candidate à trois lignes longue distance: Brigue – Berne – Aarau – Zurich – Romanshorn, Interlaken – Berne – Aarau – Zurich – St-Gall et Interlaken – Berne – Olten – Bâle.

Actuellement, les CFF exploitent seuls les lignes longue distance, soit les Intercity et les correspondances Eurocity, Interregio et Regioexpress. La majorité de ces concessions expire en décembre 2017. Elles doivent être réattribuées par l’Office fédéral des transports (OFT).

Ainsi qu’elle l’avait déjà laissé entendre, et faute d’accord avec les CFF, BLS va donc élaborer une demande de concession qui sera déposée d’ici au mois de septembre à l’OFT, a indiqué la compagnie mercredi à Berne à l’occasion de sa conférence de presse de bilan.

Lignes rentables

Plusieurs lignes du réseau RegioExpress seront en effet intégrées au réseau longue distance de base à partir de la fin 2017. Ces lignes étant toutes déficitaires, BLS veut compenser la chose par des lignes longue distance rentables.

Les trois lignes en question permettraient à BLS de proposer deux nouvelles liaisons longue distance de Berne à Zurich, en passant par Aarau, et ainsi de mettre en place quatre trains à l’heure entre ces trois villes. Il en résulterait en outre une liaison directe entre l’aéroport de Zurich et Interlaken, dans l’Oberland bernois, selon la compagnie.

BLS se féliciterait de trouver une solution équitable en partenariat avec les CFF, comme cela est souhaité depuis le début, ont indiqué ses responsables devant la presse. En février dernier toutefois, les discussions avaient échoué.

Coûts supplémentaires

Selon les estimations des CFF, les coûts globaux du système augmenteraient de 20, voire de 30 millions de francs par an. Il faudrait acheter du matériel roulant supplémentaire, replanifier le trafic ferroviaire et certains collaborateurs devraient changer d’employeur.

Ces coûts devraient être couverts par les clients, la Confédération et les cantons. Les CFF estiment à 100 millions de francs leur perte de bénéfice pour mettre en oeuvre la demande de BLS.

De son côté, BLS se dit convaincue “d’améliorer l’offre grâce à des lignes plus attractives et plus nombreuses”, ainsi qu’une “approche novatrice”.

Pour dix ans

La compagnie Südostbahn (SOB) a également été associée à ces tractations. Elle s’intéresse à exploiter la ligne de faîte du Gothard. En Suisse orientale, elle veut reprendre le Rheintal-Express des CFF entre Coire et Wil (SG).

L’OFT attribue la concession pour dix ans généralement. Les exploitants sont tenus de respecter les directives: une offre minimale de liaisons, les arrêts, le personnel d’accompagnement, les services de restauration.

Si certaines lignes ne devaient plus être exclusivement exploitées par les CFF, une période de transition jusqu’à un changement d’horaire ultérieur pourrait être demandée.

Hausse des voyageurs

Au total, 62,5 millions de voyageurs ont emprunté les lignes de BLS en 2016, soit une hausse de plus de deux millions de personnes ou de près de 4% par rapport à l’exercice précédent. C’est le cas en particulier du trafic régional, le coeur de métier de BLS, a précisé la compagnie.

Sur l’ensemble du groupe, la BLS SA a réalisé un résultat 2016 positif de 15,6 millions de francs, soit 11,8 millions de plus par rapport à l’exercice précédent.

BLS travaille actuellement à un concept de développement de son réseau RegioExpress afin de pouvoir proposer des transports publics plus efficaces dans la région de la capitale. Il s’agirait de relier les lignes RegioExpress raccordées à Berne aux centres de la région élargie de la capitale à une cadence semi-horaire.

L’exploitation des trois lignes longue distance convoitées s’inscrit dans ce concept, BLS ne pouvant le mettre en place “que s’il est possible de compenser le réseau RegioExpress par des lignes longues distances rentables”.

“La situation financière des cantons commanditaires reste tendue et les tarifs ne laissent qu’une faible marge de manoeuvre”, a résumé le patron de BLS Bernard Guillelmon.

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