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Bogotá suspend les discussions de paix avec l’ELN

Samedi matin, cinq policiers ont été tués et plus de 40 autres blessés dans le port de Barranquilla (archives). KEYSTONE/EPA EFE/HUGO PENSO sda-ats

(Keystone-ATS) Le président colombien Juan Manuel Santos a annoncé lundi la suspension du processus de paix avec les rebelles de l’ELN. Bogotá juge ces derniers responsables de trois attentats à la bombe qui ont fait sept morts et des dizaines de blessés au cours du week-end.

“Ma patience et la patience du peuple colombien a ses limites. J’ai pris la décision de suspendre le début du cinquième cycle de négociations qui devait débuter dans les jours qui viennent, jusqu’à ce que nous voyions de la cohérence entre les mots et les actes de l’ELN”, a déclaré le chef de l’Etat lors d’un événement près de Bogota.

Reprise des attaques

Le gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN) ont engagé des négociations en février 2017 pour tenter de mettre fin à cinquante ans d’insurrection du groupe armé. Mais le groupe d’obédience marxiste a repris ses attaques le 10 janvier dernier, quelques heures après la fin d’un accord de cessez-le-feu entré en vigueur en octobre, et alors que la reprise de négociations avec le gouvernement était programmée.

Samedi matin, cinq policiers ont été tués et plus de 40 autres blessés dans le port de Barranquilla. Deux autres policiers ont été tués peu avant minuit samedi dans la province rurale de Bolivar. Un troisième attentat s’est produit quatre heures plus tard environ dans la ville de Soledad, blessant cinq policiers et un civil.

“Ces terribles actions portent la signature de l’Armée de libération nationale”, a dit le ministre de la Défense Luis Carlos Villegas à la radio Caracol.

Dans un communiqué diffusé sur son principal site internet, l’ELN s’est dite favorable à un nouveau cessez-le-feu tout en déclarant que les attaques continueraient en l’absence de trêve. Le front urbain de l’ELN s’est attribué ce week-end la responsabilité de l’attentat de Barranquilla. D’autres membres de l’organisation ont dit ne pas pouvoir vérifier l’authenticité de cette revendication.

Structure fédérative complexe

“Le climat est vraiment très négatif pour continuer les négociations”, a estimé l’analyste Camilo Echandia, de l’université Externado de Colombie. “Ce processus n’est pas viable du fait que l’agenda (en six points) est totalement général et implique des changements que le gouvernement n’est pas en position de faire (et) que l’ELN ne bénéficie pas de la représentativité nécessaire pour les exiger.”

Pour les analystes, la difficulté de négocier avec l’ELN provient de sa structure fédérative donnant une autonomie militaire à ses différents fronts. Le groupe rebelle compte environ 1800 combattants.

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