Des perspectives suisses en 10 langues

Célèbre policier anticorruption lui-même condamné pour corruption

Newton Ishii, grisonnant, toujours en gilet pare-balles et lunettes de soleil, est devenu une figure de la culture populaire. Ce policier anticorruption incarne même le personnage principal d'une nouvelle érotique, "Prends-moi, Japonais de la Fédérale" (écrite par Renata Del Anjo) (archives). KEYSTONE/EPA EFE/HEDESON ALVES/HEDESON ALVES / HANDOUT sda-ats

(Keystone-ATS) Le policier qui était devenu le symbole de la lutte anticorruption au Brésil et un héros de la culture populaire, a lui-même été condamné pour corruption, a-t-on appris mercredi. Il avait passé les menottes à de nombreux responsables dans l’affaire Petrobras.

Connu comme “le Japonais de la Fédérale”, Newton Ishii, membre de la Police fédérale (PF) d’origine japonaise, est devenu une vedette ces derniers mois au Brésil. Il est apparu sur toutes les images d’arrestations dans le cadre de l’opération “Lavage Express”, qui enquête sur le gigantesque scandale de corruption autour du groupe pétrolier public Petrobras.

Lors d’une visite au Congrès récemment, des dizaines de parlementaires s’étaient ainsi empressés de prendre des selfies avec lui. “Où est le Japonais de la Fédérale?”, s’était écrié l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva le 4 mars lorsque la police était venue frapper à sa porte pour l’emmener faire une déposition, selon le quotidien Folha de Sao Paulo.

Populaire

Ce policier grisonnant, toujours en gilet pare-balles et lunettes de soleil, est devenu une figure de la culture populaire. Il incarne même le personnage principal d’une nouvelle érotique, “Prends-moi, Japonais de la Fédérale” (écrite par Renata Del Anjo).

Au Carnaval de Rio, un masque à son effigie avait fait fureur. Condal, la principale fabrique de masques, en avait vendu 25’000 exemplaires, bien plus que pour les personnalités politiques.

Et une chanson en son honneur a été créée pour le dernier Carnaval, avec comme refrain: “Ah mon Dieu / J’ai eu un coup au moral / On a frappé à ma porte / C’était le Japonais de la Fédérale”.

Autre chanson

Mais avec sa condamnation mardi à Curitiba dans l’Etat brésilien du Parana (sud-est), annoncée par la presse locale, ce n’est plus la même chanson.

Il a été condamné en appel à plus de quatre ans de prison pour avoir trempé dans une affaire d’aide à la contrebande via la frontière avec le Paraguay, selon son avocat, Oswaldo de Mello Junior, cité par le site d’informations G1. Le fonctionnaire, qui bénéficiait d’un régime de semi-liberté, s’est présenté à la Surintendance de la police fédérale du Parana mercredi.

La police fédérale locale n’avait pas répondu aux sollicitations de l’AFP mercredi en fin d’après-midi. Les internautes s’en sont donné à coeur joie sur les réseaux sociaux en rebondissant sur ce fait divers, sous le mot-clef #japonesdafederal.

Certains se lamentaient de l’état de corruption du pays symbolisé par la chute de cette icône, quand d’autres donnaient dans le sarcasme, avec notamment une photo où l’on voit le “Japonais de la Fédérale” en uniforme emmenant le citoyen Newton Ishii en tenue civile.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision