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Carla del Ponte: il faut négocier avec Assad

(Keystone-ATS) Il faut négocier avec Bachar al-Assad pour une solution du conflit en Syrie, a affirmé mardi à Genève Carla del Ponte. La commission d’enquête de l’ONU a dit transmettre des noms d’auteurs présumés de crimes de guerre de manière “ciblée” aux Etats qui le souhaitent.

“Si nous voulons un succès des négociations, il faut discuter avec le président du pays” concerné, a déclaré la Tessinoise, après la présentation du rapport de la commission d’enquête sur la Syrie au Conseil des droits de l’homme.

“Est-ce qu’il faut négocier avec le président Assad ? Ma réponse est oui”, a-t-elle ajouté. Elle a donné l’exemple des accords de Dayton qui ont mis fin à la guerre dans l’ex-Yougoslavie en 1995. Le président serbe Slobodan Milosevic, pourtant accusé de crimes de guerre, y a participé, a rappelé l’ex-procureure du tribunal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie.

Elle a indiqué que les forces du président Assad contrôlent encore 60 % de la population du pays.

Visite possible à Damas

Interrogée sur un possible voyage de sa part à Damas, Mme del Ponte a affirmé que “la situation a changé” depuis un an. L’an dernier, la commission d’enquête présidée par Sergio Pinheiro avait exclu une visite de Mme del Ponte à titre personnel.

La commission a changé d’avis et elle estime désormais qu’elle peut aller seule à Damas, a indiqué la Tessinoise. “Je suis prête, mais cela ne dépend pas de moi”, a-t-elle dit. Elle a précisé “attendre une réponse positive des autorités de Damas”.

Le représentant de la Syrie à l’ONU a toutefois rejeté une nouvelle fois mardi le rapport de la commission d’enquête en estimant que ses informations sont biaisées.

“Nous n’allons pas rendre publique la liste des auteurs présumés de crimes maintenant”, avait affirmé auparavant devant le Conseil des droits de l’homme M. Pinheiro.

“Nous pouvons mieux aider le processus judiciaire à ce stade à travers une communication ciblée”, a-t-il précisé.

Listes confidentielles

La commission d’enquête encourage les autorités nationales à la contacter afin d’obtenir des informations. La commission a constitué quatre listes confidentielles d’auteurs présumés de crimes de guerre et contre l’humanité, déposées dans un coffre au Haut Commissariat aux droits de l’homme.

Dans le but de lutter contre “l’impunité totale” qui sévit depuis quatre ans en Syrie, la commission d’enquête dont l’ex-procureure Carla del Ponte fait partie avait envisagé de publier ces listes. Mais certains Etats ont estimé que désigner publiquement des coupables pouvait nuire à ce stade à une solution politique.

Paulo Sergio Pinheiro a par ailleurs renouvelé l’appel de la commission au Conseil de sécurité de l’ONU pour que la Cour pénale internationale (CPI) ou un tribunal ad hoc soit saisi des crimes commis par toutes les parties. Il a demandé aussi qu’il soit mis un terme à l’afflux d’armes et d’argent destiné aux combattants.

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