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Catalogne: Madrid alerte l’UE sur des “manipulations” depuis la Russie

"Il a été prouvé" que la Russie a tenté d'interférer dans la crise catalane sur les réseaux sociaux, a assuré Alfonso Dastis. KEYSTONE/AP/VIRGINIA MAYO sda-ats

(Keystone-ATS) Les ministres espagnols des Affaires étrangères et de la Défense ont alerté lundi, lors d’une réunion avec leurs homologues de l’UE, sur des “désinformations” sur internet concernant la crise catalane. “Désinformations” originaires selon eux du “territoire russe”.

“J’aborderai la question de (…) comment des désinformations et manipulations se sont développées autour du référendum et des évènements qui ont suivi en Catalogne”, a expliqué le ministre des Affaires étrangères Alfonso Dastis en arrivant à la réunion à Bruxelles.

Les chefs de la diplomatie des 28, qui déjeunaient avec leurs homologues de la Défense, devaient notamment débattre des efforts de l’Union européenne pour contrer la “désinformation” venant de Russie, mais également à l’oeuvre selon eux dans les pays arabes ou dans les Balkans.

“Phase d’analyse”

“Il a été prouvé” que la Russie a tenté d’interférer dans la crise catalane sur les réseaux sociaux, a assuré M. Dastis. “Un grand nombre de ces actions venaient du territoire russe”, a abondé la ministre espagnole de la Défense, Maria Dolores de Cospedal.

“Nous sommes dans une phase d’analyse et de prospective ” et donc “il ne peut être affirmé avec une certitude totale que c’est le gouvernement russe. Mais elles viennent du territoire russe” et certaines actions ont été “répliquées depuis le territoire vénézuélien”, a-t-elle insisté.

“Créer des situations instables en Europe”

“Il y a certaines entités, qui peuvent être publiques ou privées, qui essaient d’interférer dans les politiques nationales, qui essaient d’affecter et de créer des situations instables en Europe. Nous avons l’obligation de le dire clairement, pour que l’opinion publique le sache, et de lutter contre cela”, a-t-elle estimé.

Jusqu’ici, les inquiétudes en la matière provenaient surtout de pays de l’est de l’Europe. Mais depuis les révélations sur la campagne électorale étasunienne de 2016, que la Russie est accusée d’avoir voulu influencer en faveur de Donald Trump, et après des incidents en Allemagne et lors de la présidentielle française, cette question préoccupe l’ensemble des pays de l’UE.

Les éditions hispanophones des médias russes réputés proches du Kremlin RT et Sputnik ont été accusées notamment par le quotidien El Pais d’avoir fait “campagne” pour “l’indépendantisme catalan”.

Plus de moyens pour la communication

La Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, a expliqué lundi tabler sur un soutien des 28 “pour augmenter le budget pour la communication stratégique, particulièrement pour les “groupes de travail”. Ces deux unités en langue russe et arabe débusquent les “infos bidon” et répondent aux assertions fausses concernant l’UE sur les réseaux sociaux et dans les médias.

La Commission européenne a d’ailleurs lancé une vaste consultation publique sur les “fausses nouvelles”, s’adressant à la société civile, aux médias et aux acteurs du numérique, pour préparer des mesures annoncées pour 2018. Elle a également créé un “groupe d’experts” qui devra formuler des pistes pour “lutter contre la diffusion de fausses nouvelles”, selon un communiqué de l’exécutif européen.

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