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Centre pour requérants d’asile “récalcitrants” aux Verrières (NE)

Les requérants récalcitrants ne sont pas "des gens dangereux, mais qui dérangent les autres occupants d'un centre de façon répétée ou compromettent l'ordre public. Selon notre expérience, il s'agit d'hommes adultes", a déclaré Esther Maurer. KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) Un centre spécifique pour requérants d’asile “récalcitrants” ouvrira ses portes le 3 décembre aux Verrières (NE) dans le cadre d’un projet pilote sur trois ans. D’une capacité de 60 places, il accueillera jusqu’à une vingtaine d’hommes la première année.

“Ce centre s’adresse à ceux qui ne respectent pas les règles des centres fédéraux normaux et troublent leur bon fonctionnement”, a précisé Esther Maurer, cheffe du Domaine de direction asile du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), lors d’une conférence de presse jeudi à Berne.

“Il ne s’agit pas de gens dangereux, mais qui dérangent les autres occupants du centre de façon grave et répétée ou compromettent l’ordre public. Selon notre expérience, il s’agit d’hommes adultes”, a-t-elle ajouté. Typiquement, ils sont sous l’emprise de l’alcool ou de drogues. Les centres spécifiques n’accueilleront ni des mineurs ni des femmes.

Protéger les occupants du centre ordinaire

Le but est de protéger les occupants du centre ordinaire, a souligné Mme Maurer. Ceux qui sont accueillis dans le centre spécifique peuvent y rester au maximum 14 jours, une période prolongeable pour des “cas d’urgence”. Une structure identique doit être ouverte en Suisse alémanique, dont l’emplacement est actuellement en discussion.

Le centre des Verrières accueillera 20 personnes au plus la première année “pour voir si le concept fonctionne”. Ensuite, le SEM table sur une moyenne de 30 à 40 occupants.

Phase pilote de 3 ans

L’ouverture de ces centres spécifiques entre dans le cadre de la loi sur l’asile révisée, qui entre en vigueur le 1er mars 2019.

Celui des Verrières sera exploité dans le cadre d’une phase pilote, encadrée par un comité de suivi. Ce dernier sera constitué de représentants des autorités communales et cantonales, du Corps des gardes-frontière et du SEM.

Ce comité évaluera les conditions d’exploitation du centre et procédera, avec le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), à une évaluation annuelle. Il s’agira notamment de vérifier si le centre peut être exploité de manière sûre, si les requérants ont accès à la procédure d’asile et si l’accès à la représentation juridique est garanti. Un bilan sera tiré à l’automne 2019.

Pas une prison

Le centre spécifique “n’est pas une prison”, a insisté Esther Maurer. Les occupants sont libres de leurs mouvements. Toutefois les règles de sortie y sont plus restrictives que dans les autres centres de la Confédération.

Les requérants ne peuvent sortir qu’entre 9h00 et 17h00, y compris les fins de semaine. Ils ne reçoivent pas d’argent de poche. Enfin, la sécurité et le personnel d’encadrement sont renforcés.

Plus cher qu’un centre normal

Cela a un coût: un centre spécifique coûte cinq fois plus cher par tête qu’un centre ordinaire et deux fois plus qu’un régime pénitentiaire ouvert, soit 5 millions de francs pour la première année, a indiqué la responsable du SEM.

La société ORS assurera l’encadrement des résidents. Des programmes d’occupation sont prévus, d’au moins 4 heures par jour. Il s’agira de travaux d’utilité publique, comme l’entretien de forêts ou celui du parcours didactique Bourbaki, qui se trouve aux Verrières.

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