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Chute alarmante de la population d’orangs-outangs de Bornéo

"On ne traite pas avec efficacité les principales menaces que sont la perte de l'habitat et l'abattage, en dépit des engagements pris par les gouvernements dans des plans d'action nationaux", estime Erick Meijaard, l'un des chercheurs. KEYSTONE/ZOO BASEL/ZOO BASEL (TORBEN WEBER) sda-ats

(Keystone-ATS) La population d’orangs-outangs de Bornéo a chuté de 25% ces dix dernières années. Un déclin alarmant malgré les efforts menés depuis des décennies pour protéger ces animaux considérés comme en danger critique, indique une étude vendredi.

Ces résultats “inquiétants (…) suggèrent que nous devons repenser fondamentalement les stratégies de protection des orangs-outangs”, souligne l’un des chercheurs, Erik Meijaard, de l’Université de Queensland (Australie), cité dans un communiqué.

Une équipe internationale a conjugué des techniques de modélisation, des enquêtes par hélicoptère et sur le terrain, et des interviews avec les habitants pour établir, pour la première fois, l’évolution de la population de cette espèce dans le temps.

Dix par 100 km2

Les chercheurs ne donnent pas de chiffre global, mais des estimations de la densité de population par 100 km2, tombée d’environ 15 durant la période 1997 à 2002 à une dizaine en 2009-2015.

L’étude, parue dans la revue “Scientific Reports”, “lance un cri d’alarme” aux ONG engagées dans la protection des orangs-outangs et aux gouvernements indonésien et malaisien qui se sont engagés à les sauver.

“Fonds pas dépensés efficacement”

Chaque année, les gouvernements et les ONG dépensent 30 à 40 millions de dollars pour stopper le déclin des populations sauvages. Selon les chercheurs, “ces fonds ne sont pas dépensés efficacement”.

“On ne traite pas avec efficacité les principales menaces que sont la perte de l’habitat et l’abattage, en dépit des engagements pris par les gouvernements dans des plans d’action nationaux”, estime Erick Meijaard.

“La protection des orangs-outangs se concentre sur les sauvetages et la réinsertion, mais on ne s’attaque ainsi qu’aux symptômes et non au problème sous-jacent”, explique-t-il. Selon des études antérieures, jusqu’à 2500 orangs-outangs sont tués chaque année à Bornéo, victimes notamment de de chasseurs qui les tuent pour leur viande.

Problème de l’agriculture

Pour M. Meijaard, l’extension de l’agriculture joue un rôle essentiel. “10’000 orangs-outans vivent dans des zones qui ont été allouées par des gouvernements nationaux et locaux au développement de l’huile de palme. Si ces zones sont converties en plantations d’huile de palme, sans changements dans les pratiques actuelles, la plupart de ces 10’000 individus seront détruits et la chute vertigineuse de leur population va probablement continuer”, alerte M. Meijaard.

Avec une population estimée à un peu plus de 100’000 individus, les orangs-outangs, les plus grands singes d’Asie aux côtés des orangs-outangs de Sumatra, sont “en danger critique”, la dernière étape avant l’extinction, estimait l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en juillet 2016.

Selon l’organisation, leur population devrait tomber à 47’000 individus en 2025 contre 288’500 en 1973. Bornéo est partagée entre le sultanat de Brunei et la Malaisie au nord, et l’Indonésie au sud.

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