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Chute du Mur: Merkel exhorte l’Europe à défendre ses valeurs

La chute du Mur de Berlin en 1989 s'était déroulée à la suite d'une révolution pacifique. KEYSTONE/EPA/FRIEDEMANN VOGEL sda-ats

(Keystone-ATS) La chancelière allemande Angela Merkel a exhorté l’Europe à défendre ses valeurs fondamentales comme “la démocratie et la liberté” face aux contestations grandissantes. L’Europe commémorait samedi le 30e anniversaire de la chute du Mur de Berlin.

“Les valeurs qui fondent l’Europe, la liberté, la démocratie, l’égalité, l’Etat de droit et la préservation des droits de l’homme ne vont de soi” et “doivent toujours être défendues”, a-t-elle assuré dans la chapelle de la Réconciliation. C’est un des lieux de mémoire de la division de la ville qui dura de 1961 au 9 novembre 1989.

“A l’avenir il convient de s’engager” pour défendre les valeurs de l’Europe, a ajouté la chancelière. Le modèle de démocratie libérale est de plus en plus mis en cause dans le monde, mais aussi dans une certaine mesure sur le continent même.

Le président français Emmanuel Macron a appelé, sur Twitter, à être “digne” de la “promesse” d’il y a 30 ans. “Il y a 30 ans, le Mur de Berlin n’est pas tombé. Il a été abattu par le courage de milliers de femmes et d’hommes épris de liberté”, a salué le président français. “Soyons à la hauteur de leur courage et dignes de leur promesse”, a-t-il plaidé, alors que le climat actuel est plutôt aux dissensions entre les alliés de l’époque de la guerre froide.

Tentation du nationalime

Certains pays d’Europe de l’Est comme la Hongrie ou la Pologne, pourtant pionniers dans la contestation de la dictature communiste dans les années 1980, se voient aujourd’hui accusés par l’Union européenne de ne pas respecter pleinement les règles de l’Etat de droit.

Partout, la tentation du nationalisme est perceptible dans les opinions. “La démocratie libérale est contestée et remise en question”, a également jugé le chef de l’Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier, dans une allocution en présence des présidents de Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie. Ces quatre pays avaient préparé le terrain à la chute du mur de Berlin.

“Le 9 novembre nous rappelle qu’il faut combattre la haine, le racisme et l’antisémitisme”, a aussi dit pour sa part la chancelière. Cette journée marque en parallèle en Allemagne l’anniversaire de la Nuit de Cristal de 1938 durant laquelle les nazis incendièrent les synagogues du pays.

La chute du Mur de Berlin s’était déroulée à la suite d’une révolution pacifique et les images des Allemands, exultant de joie et tombant dans les bras les uns des autres avaient fait le tour du monde. Les coups de pioche dans cet édifice de béton de plus de 150 km de long avaient marqué la fin d’un monde coupé en deux durant la Guerre froide et fait à l’époque espérer une longue ère de détente et d’unité.

Espoirs dissipés

Ces espoirs se sont aujourd’hui dissipés, avec un parfum de résurgence de la Guerre froide entre Occidentaux d’une part, Russie et Chinois de l’autre. Vendredi à Berlin, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a enjoint à “prendre conscience que nous sommes dans une compétition de valeurs avec les nations non-libres”, montrant du doigt tout particulièrement la Chine et la Russie.

Même entre les anciens alliés à l’Ouest, les sujets de friction se multiplient. Deux jours avant le 30ème Jubilé de la fin du mur de Berlin, le chef de l’Etat français Emmanuel Macron a jeté un pavé dans la mare diplomatique en diagnostiquant que l’Otan était “en état de mort cérébrale”.

Il a notamment déploré l’absence de coordination entre les Etats-Unis et les partenaires de l’Alliance atlantique et le cavalier seul de la Turquie, membre de l’organisation, intervenue récemment dans le nord de la Syrie.

Vision “radicale”

Abandonnant son habituel ton policé, Angela Merkel, depuis toujours très atlantiste, a assuré ne pas partager la vision “radicale” et le “jugement intempestif” de M. Macron.

Sur le plan intérieur aussi, l’Allemagne est loin d’afficher le même optimisme qu’il y a 30 ans. La fracture politique et économique entre l’Est et l’Ouest du pays, plus riche, reste d’une brûlante actualité, en particulier avec le succès de l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) dans l’ex-RDA communiste.

De nombreux citoyens de l’ancienne Allemagne ont toujours aujourd’hui le sentiment d’être traités comme des citoyens de seconde classe.

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