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Chypre: Guterres pas menaçant malgré peu d’avancées à Crans-Montana

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a souligné à Crans-Montana que des questions "difficiles" subsistent pour une réunification de Chypre. KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) L’arrivée du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à Crans-Montana (VS) n’aura abouti vendredi qu’à un “lent progrès” dans le dialogue sur Chypre, après un durcissement la veille. Il a toutefois rassuré sur le maintien de la force de l’ONU dans l’île divisée.

“Des questions sensibles et difficiles subsistent”, a admis devant la presse le secrétaire général, arrivé dans la matinée pour mener les discussions lancées mercredi dans la station.

Mais après avoir présidé deux réunions sur la sécurité et sur les autres questions qui séparent Chypriotes grecs et Chypriotes turcs, il a mentionné “une lente avancée”. “Une flexibilité croissante” a été observée sur certains dispositifs, a-t-il estimé, sans détails.

Après l’annonce de 500 millions de dollars de coupes dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU dans le monde, le secrétaire général aura surtout tenu à rassurer les acteurs. “Je peux vous garantir que nous ne sommes pas impatients. Nous ne menaçons les parties en aucune manière”, a-t-il dit. Il ne prépare aucune recommandation au Conseil de sécurité d’un réaménagement de la force de 950 hommes présente dans l’île (UNFYCIP).

Il ne fixe pas non plus de délai pour atteindre un accord global pour une réunification de l’île divisée depuis plus de 40 ans. “Nous voulons que le résultat soit durable”, a dit M. Guterres.

Climat d’apaisement

Une patience qui s’oppose à la volonté d’accélération affichée la veille par le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu qui exigeait que la Conférence sur Chypre à Crans-Montana aboutisse. “Nous ne pouvons pas continuer à négocier pour toujours”, avait-il dit.

M. Guterres a présidé des réunions sur la sécurité et sur les autres questions qui séparent encore Chypriotes grecs et Chypriotes turcs. Malgré le peu d’avancées, sa venue aura toutefois permis d’apaiser le climat de discussion alors que, depuis jeudi après-midi, les parties ne cachaient pas la détérioration du dialogue.

“La Turquie n’a pas réussi son chantage” d’un paquet à approuver entièrement, a dit vendredi matin à des journalistes le chef de la diplomatie grecque Nikos Kotzias. Des sources proches des discussions ont confirmé que M. Cavusoglu avait bien proposé un retrait de 80% des quelque 35’000 militaires turcs présents dans le nord de l’île où se trouvent les Chypriotes turcs.

Publiquement, son ministère avait officiellement démenti jeudi cette indiscrétion des médias grecs. En échange de sa proposition, la Turquie a demandé que les droits de ses ressortissants dans le futur Etat fédéral chypriote soient les mêmes que ceux des Chypriotes.

La Grèce, autre pays garant de l’ordre constitutionnel de l’île avec la Grande-Bretagne, et les Chypriotes grecs souhaitent eux un retrait total des militaires turcs. Ces deux alliés “ont le droit international de leur côté”, selon M. Kotzias.

Ministre britannique attendu

Symbole du manque d’embellie, la Grande-Bretagne n’est toujours plus représentée à haut biveau après le départ mercredi matin de son chef de la diplomatie Boris Johnson et de son ministre des Affaires européennes Alan Duncan. Le second était toutefois à nouveau attendu à Crans-Montana.

Dans la station, les présidents chypriote Nicos Anastasiades et chypriote turc Mustafa Akinci, reconnu seulement par la Turquie, tentent de régler leurs différends sur le territoire, le droit de propriété, la gouvernance et la répartition des pouvoirs. Ils discutent en parallèle avec la Turquie, la Grèce et la Grande-Bretagne de la sécurité et des garanties qui permettent à ces pays d’intervenir militairement dans l’île en cas de besoin.

Ce point reste le principal sujet de division. Avant une plénière dirigée par M. Guterres, les deux dirigeants chypriotes s’étaient réunis vendredi matin séparément avec l’émissaire de l’ONU Espen Barth Eide.

Depuis une invasion turque en 1974, la République de Chypre, membre de l’UE depuis 2004, n’exerce son autorité que sur la partie sud, où vivent les Chypriotes grecs. Tout compromis serait soumis à référendum dans chacune des deux parties de l’île.

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