Des perspectives suisses en 10 langues

Chypre: heures décisives pilotées par Guterres à Crans-Montana

Les acteurs des pourparlers sur Chypre ont mis la pression sur la partie chypriote grecque pour aboutir à un accord de pirncipe. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Le secrétaire général de l’ONU tentait jeudi soir à Crans-Montana (VS) d’arracher un accord de principe dans les pourparlers sur Chypre, après une semaine de discussions. Dans ce “moment de vérité”, la pression se resserrait sur les Chypriotes grecs pour un compromis.

Comme Antonio Guterres, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini est revenue dans la station, précédée d’un jour par le ministre britannique des Affaires européennes Alan Duncan. A son arrivée, l’Italienne a dit avoir constaté “une volonté politique” d’avancer pour réunifier l’île divisée depuis plus de 40 ans.

En fin d’après-midi, tous les acteurs restaient discrets sur la possibilité d’un accord de principe lors de négociations qui devaient se prolonger toute la soirée. “Nous travaillons”, a affirmé à l’ats Mme Mogherini. “Il se passe beaucoup de choses”, a estimé de son côté M. Duncan.

Les parties discutent sur un paquet proposé par M. Guterres, mais auquel certaines d’entre elles ne se sentent pas liées. “Je ne suis pas très optimiste. Mais un accord est sur la table”, a dit une source proche des discussions. Tous les acteurs, y compris la Grèce, pousseraient les Chypriotes grecs à un accord, mais le président Nicos Anastasiades subit une égale pression de son entourage pour rester ferme face à la Turquie.

Mécanisme international

Selon des médias chypriotes, il serait prêt à accepter une présidence tournante avec les Chypriotes turcs dans un futur Etat fédéral. En échange, la Turquie semblerait prête à accepter de ne conserver temporairement qu’un peu plus de 600 de ces 35’000 militaires présents dans le nord de l’île, selon la source proche des discussions.

L’application de ce dispositif serait surveillée par un mécanisme international sans les puissances garantes. Par ailleurs, la Turquie demande également les mêmes droits pour ses ressortissants qui habitent dans l’île que pour les Grecs, au bénéfice de la libre circulation. Les autres parties préféreraient des quotas.

D’intenses consultations diplomatiques ont eu lieu ces derniers jours en coulisses entre les trois puissances garantes qui peuvent intervenir militairement sur l’île en cas de besoin. Symbole de l’absence d’avancée significative, des préparatifs avaient été lancés pour la venue jeudi des dirigeants de ces pays, les chefs de gouvernement turc, grec et britannique, selon des sources concordantes.

La présidente de la Confédération Doris Leuthard aurait alors fait le déplacement de Crans-Montana. De toutes parts, “il y a une certaine lassitude, mais aussi la volonté de ne pas casser tout ce qui a été fait jusqu’ici”, a affirmé à l’ats une source avisée au sein des pourparlers.

“Dernière chance” des deux présidents

Plusieurs personnes s’attendent à un accord de principe sur les critères des grandes questions à résoudre et sur le calendrier pour conclure, peut-être en septembre en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Aussi bien M. Anastasiades que le président chypriote turc Mustafa Akinci, reconnu seulement par la Turquie, sont conscients de l’urgence.

Selon la source avisée, ils ont affirmé que ces discussions constituent “la dernière chance pour leur génération de dirigeants”. Et Mme Mogherini leur a dit l’importance d’un accord, parce que leur génération est la “dernière à avoir connu une île réunifiée”.

Certains redoutent que le contexte des prochains mois ne bloque le processus. Des médias chypriotes ont dit jeudi que tout était prêt pour le forage de gaz naturel prévu la semaine prochaine au large de Chypre, contesté par la Turquie. Et la présidentielle chypriote doit suivre en février prochain.

Outre la sécurité avec les Etats garants, MM. Anastasiades et Akinci doivent régler leurs différends sur le territoire, les droits de propriété et une présidence tournante. Depuis une invasion turque en 1974, la République de Chypre, membre de l’UE depuis 2004, n’exerce son autorité que sur la partie sud où vivent les Chypriotes grecs. Tout compromis serait soumis à référendum dans chacune des deux parties de l’île.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision