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Climat: Doris Leuthard croit à une “percée” à Paris

(Keystone-ATS) Doris Leuthard s’est dit jeudi confiante que la Conférence de Paris sur le climat (COP 21) aboutirait à une “percée”. Mais ce ne sera qu'”un début”. Les objectifs devront ensuite être adaptés “tous les 5 ans” pour aboutir à un réchauffement maximal de 2° d’ici 2100.

Il faut que ce soit un “processus dynamique” et que les résultats soient contrôlés, a expliqué la ministre de l’environnement, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse à Berne.

Elle a insisté sur le fait qu’un accord d’ici au 11 décembre à Paris pour l’après 2020 devait être contraignant pour tous les pays, et non les seuls Etats industrialisés. Les grands émetteurs de gaz à effet de serre que sont l’Inde et la Chine, mais aussi le Brésil, l’Indonésie et la Turquie doivent impérativement en faire partie, a-t-elle afffirmé.

Réductions annoncées insuffisantes

Avec les objectifs de réduction des rejets déjà fournis par 150 pays, nous arrivons à un réchauffement de 2,7° d’ici 2100, ce qui est encore insuffisant, a aussi relevé Mme Leuthard.

Pour parvenir au but, il est notamment nécessaire que le monde se désengage des énergies fossiles – actuellement subventionnées à raison de 500 milliards de dollars par an – et investisse dans les énergies renouvelables, a déclaré la ministre.

S’engager aussi à l’étranger

La Suisse a annoncé qu’elle s’engagerait pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% par rapport à 1990 d’ici 2030. Au moins 30% de cet effort devra se réaliser sur sol helvétique. Le reste pourra être obtenu grâce à des projets menés à l’étranger, un aspect très critiqué par les milieux environnementaux.

“Les émissions de la Suisse ne constituent que 0,1% du total mondial, mais les biens que nous importons ou produisons à l’étranger dégagent du CO2 ailleurs”. Raison pour laquelle il faut aussi s’engager à l’étranger, a justifié Doris Leuthard à propos de ce mandat de négotiation, adopté mercredi par le Conseil fédéral.

Financement

S’agissant du financement, l’objectif est de réunir 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour soutenir la politique climatique des pays en développement. Un objectif “impossible” pour la ministre si seuls les Etats sont impliqués. “Nous ne pouvons pas augmenter les impôts massivement”, il faut que le secteur privé participe, a-t-elle dit.

Mme Leuthard n’était pas en mesure de préciser la contribution helvétique. Mais il est pour elle capital que les Etats prenant part à la conférence de Paris s’engagent à créer des conditions favorables aux investissements préservant le climat.

De 2015 à 2017, la Suisse versera d’ores et déjà 100 millions de dollars pour soutenir les efforts climatiques des pays en développement, une contribution appelée ensuite à croître jusqu’à 2020. Elle ne soutiendra en revanche pas les pays en développement qui réclament un mécanisme de compensation financière des dommages climatiques.

Insuffisant pour les ONG

Pour les ONG regroupées au sein de l’Alliance climatique suisse, les objectifs de la Suisse sont insuffisants. Elles réclament une réduction des rejets d’au moins 60 % d’ici 2030, et sur sol helvétique. Pour les ONG, comptabiliser les efforts de réduction à l’étranger dans ses propres mesures équivaut à un tour de passe-passe.

De plus, la Suisse doit complètement renoncer aux énergies fossiles d’ici 2050, estiment les 60 organisations membres de l’Alliance climatique, dont Alliance Sud, WWF Suisse et Greenpeace Suisse.

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