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CO2 taxé et charbon débranché, l’Allemagne démarre l’année en vert

Angela Merkel démarre l'année en vert avec un CO2 taxé et côté charbon, avec la mise hors service d'un premier bloc de 300 mégawatts de la centrale de lignite de Niederaußem (ouest). KEYSTONE/EPA/Markus Schreiber / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) L’Allemagne lance deux projets phare de sa transition énergétique. Elle lance la facturation de chaque tonne de CO2 émise par les transports et les habitations et la sortie progressive du charbon avec la fermeture d’une 1ère unité de centrale thermique.

Dans les deux cas, ces mesures sont le fruit de longues négociations politiques de la coalition d’Angela Merkel, sous la pression des défenseurs du climat qui jugent que les décisions ne sont pas assez ambitieuses. Dès vendredi, le prix de la tonne de CO2 coûte 25 euros, avant de passer à 30 euros en 2022, puis d’augmenter jusqu’à 55 euros en 2025.

Les entreprises recourant aux combustibles fossiles – essence, diesel, fuel et chauffage au gaz – vont acheter des droits d’émission sous forme de certificats à prix fixe. Sur les quatre années à venir, le gouvernement table sur 56,2 milliards d’euros de recettes, a indiqué un porte-parole du ministère allemand de l’Environnement à l’AFP.

Côté charbon, c’est avec la mise hors service d’un premier bloc de 300 mégawatts de la centrale de lignite de Niederaußem (ouest), lancée en 1968, que la première économie européenne va inaugurer son ambitieux projet d’abandonner ce combustible polluant à l’horizon 2038. Parallèlement, 4,7 gigawatts de capacité ont été débranchés au 1er janvier sur plusieurs centrales à houille du pays.

Approuvée au Parlement en juillet, la loi sur la fin du charbon (“Kohleverstromungsbeendigungsgesetz”) indique que l’échéance de 2038 pourrait être avancée de trois ans en fonction de bilans d’étape.

Exceptions

Pour l’ONG environnementale allemande “Alliance pour le climat”, le prix du carbone fixé dans la loi “n’apporte pas la contribution nécessaire” à la réalisation des objectifs climatiques, déclare sa directrice Christiane Averbeck.

L’Allemagne a prévu dans le cadre de son paquet climat une baisse de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, par rapport au niveau de 1990, et une production d’électricité couverte à 65% par des renouvelables.

Or l’outil de la taxe carbone est affaibli “par des exceptions de grande portée pour des branches entières de l’industrie”, décidées afin de ne pas entraver leur compétitivité, déplore Mme Averbeck.

Pour éviter que des entreprises ne délocalisent leur production dans des contrées aux normes moins exigeantes, mieux aurait valu “soutenir les investissements respectueux du climat”, souligne une étude du think tank écologique FÖS.

Chauffage plus cher

Dans l’immédiat, les consommateurs allemands vont subir la répercussion du prix du carbone sur les factures à la pompe et pour le chauffage. Le litre de diesel devrait se renchérir de huit centimes d’euro et de sept centimes pour le super E10 dès la première année, a calculé le club d’automobilistes ADAC.

Pour soulager les contribuables, Berlin a prévu une légère baisse de la taxe “EEG” de soutien aux énergies renouvelables, financée grâce aux recettes des certificats carbone. Et l’allocation logement va être revue à la hausse de 10% en 2021 pour plus d’un million de bénéficiaires, selon le ministère de l’Intérieur.

Parallèlement, Berlin subventionne le recours aux produits plus respectueux du climat. Cela a conduit en 2020 à l’envolée des achats de voitures électriques ou hybrides consécutive au doublement de la prime à l’achat entré en vigueur en juillet.

“Le nombre de systèmes de chauffage et de pompes à chaleur sans CO2 a également augmenté de manière significative”, a déclaré à l’AFP Oliver Krischer, député du parti des Verts.

Au troisième trimestres 2020, la première économie européenne a encore tiré un peu plus de la moitié de son électricité d’énergies fossiles, avec une part de 26% pour la houille et le lignite. L’abandon du charbon, énergie bon marché à l’origine du développement industriel de l’Allemagne, est compliqué par le chantier de sortie du nucléaire à l’horizon 2022.

Si l’exploitation de plusieurs mines de lignite à ciel s’arrêtera également, celle de Garzweiler, près de Cologne, une des plus grandes d’Europe, continuera de s’étendre, au grand dam des écologistes, en condamnant à la disparition plusieurs villages du bassin rhénan. Des indemnités de plusieurs milliards d’euros sont prévues pour les exploitants afin de compenser l’arrêt des centrales et 40 milliards d’euros iront aux régions minières pour les aider à rebondir.

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