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Colombie: la paix signée le “26 septembre à Carthagène”

"La paix sera signée le 26 septembre à Carthagène", a annoncé le chef de l'Etat. Son gouvernement a conclu un accord avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), à l'issue de près de quatre ans de négociations pour mettre fin à 52 ans de conflit armé (archives). KEYSTONE/EPA EFE/CHRISTIAN ESCOBAR MORA sda-ats

(Keystone-ATS) L’accord de paix, conclu la semaine dernière avec la guérilla des Farc, sera signé le 26 septembre à Carthagène des Indes, station balnéaire et port important de la côte caribéenne. L’annonce a été faite vendredi par le président colombien Juan Manuel Santos.

“La paix sera signée le 26 septembre à Carthagène”, a annoncé le chef de l’Etat. Son gouvernement a conclu un accord avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), à l’issue de près de quatre ans de négociations pour mettre fin à 52 ans de conflit armé.

Visiblement ému, M. Santos a d’abord dit “26 avril”, lors de cette intervention à Carthagène, devant l’assemblée de la Confédération colombienne des chambres de commerce. Il s’est ensuite repris et a répété sa phrase de bout en bout, en appuyant bien sur la date du “26 septembre”.

Le chef de l’Etat a ajouté qu’il s’agissait “peut-être de l’annonce la plus importante” qu’il ait faite dans sa vie.

La Colombie s’achemine ainsi vers la fin d’une guerre fratricide, le plus ancien conflit armé des Amériques. Au fil des décennies, il a impliqué plusieurs guérillas d’extrême-gauche, dont l’Armée de libération nationale (ELN, encore active), des milices paramilitaires d’extrême-droite et l’armée, faisant au moins 260’000 morts, 45’000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

L’accord de paix conclu avec les Farc le 24 août, après d’âpres négociations délocalisées à La Havane depuis novembre 2012, doit être signé par le chef de l’Etat et par le leader suprême de la guérilla, Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre Timoleon Jiménez ou Timochenko.

Le 29 août à 00h00 (07h00 en Suisse) est entré en vigueur le premier cessez-le-feu bilatéral et définitif jamais ordonné avec les Farc. Cette guérilla, la plus importante de Colombie est née en 1964 d’une insurrection paysanne. Elle compte encore quelque 7500 combattants armés.

Ratification

Avant sa signature, l’accord de paix doit être ratifié par la Xe conférence nationale des Farc. Celle-ci était originellement prévue du 13 au 19 septembre, mais la guérilla l’a reportée. Elle se tiendra finalement du 17 au 23 septembre, a tweeté “Timochenko”.

Cette “dernière conférence de notre organisation en armes (…) ratifiera les accords de paix et entérinera la transformation des Farc en mouvement politique légal”, avait indiqué la semaine dernière la guérilla. Elle se tiendra dans la plaine du Yari, près de San Vicente del Caguan, son ex-fief dans le sud du pays, en présence de 200 délégués des Farc, dont les 29 membres de l’état-major central.

Fait exceptionnel, elle sera ouverte à 50 invités nationaux et internationaux, ainsi qu’à la presse car, selon les Farc, “l’importance historique de cet évènement justifie que les peuples de Colombie et du monde s’informent directement du déroulement et des conclusions” de cette conférence.

Signature et référendum

Une fois ratifié par les Farc puis signé, l’accord de paix de 297 pages, qui contient six points principaux (fin des combats, réparations aux victimes, trafic de drogue, réforme agraire et ratification de l’accord), sera soumis le 2 octobre à l’avis des Colombiens par référendum.

La campagne électorale qui le précède va durer “seulement quatre semaines, qui vont changer l’histoire du pays”, a déclaré M. Santos vendredi à Carthagène.

Les Colombiens auront à répondre par “oui” ou “non” à une seule question : “Soutenez-vous l’accord qui met fin au conflit armé et bâtit une nation stable et durable?”. Pour l’emporter, le “oui” devra recueillir au moins 4,4 millions de voix (13% de l’électorat) et le “non” un score plus faible. En cas de rejet, ce qui a été conclu à La Havane serait annulé.

Selon une enquête de Cifras y Conceptos, la première depuis la signature de l’accord, 62% des Colombiens voteraient en faveur du traité de paix, 28% seraient contre et 10% restent indécis.

Mineurs

Par ailleurs, les Farc et le gouvernement ont annoncé à Cuba que les mineurs combattants qui se trouvent encore dans les rangs de la guérilla commenceront à quitter les camps rebelles le 10 septembre “conformément à l’accord conclu le 15 mai 2016”, en référence à l’un des agréments contenus dans le texte définitif.

Ces enfants et adolescents seront pris en charge par l’Unicef, logés dans des centres d’accueil temporaires, puis entreront dans “un processus de réintégration sociale”, ont indiqué les parties, sans préciser le nombre de mineurs qui pourraient bénéficier de cette mesure.

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