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Commémorations de la mort d’un ado réprimées par la police turque

(Keystone-ATS) La police est intervenue mercredi dans plusieurs villes de Turquie pour disperser des rassemblements à la mémoire d’un adolescent mort il y a un an. Le jeune homme est devenu un emblème des opposants au régime islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan.

A Istanbul, des affrontements ont opposé les forces de l’ordre, qui ont usé de grenades lacrymogènes et de canons à eau, et des groupes de militants d’extrême gauche armés de pierres et de cocktails Molotov. Les heurts se sont déroulés dans le quartier d’Okmeydani, dont la victime, Berkin Elvan, était originaire.

Selon les médias turcs, quelques manifestants ont par ailleurs été arrêtés dans la plus grande ville de Turquie alors qu’ils tentaient de se réunir devant le parc Gezi.

La destruction annoncée de ce jardin public proche de l’emblématique place Taksim avait donné le coup d’envoi le 31 mai 2013 à une vague de protestations sans précédent qui avait fait tanguer le régime au pouvoir depuis 2002.

Canons à eau à Ankara

Dans la capitale Ankara, la police a repoussé mercredi avec des canons à eau quelques centaines de personnes qui réclamaient justice pour la victime. Onze d’entre elles ont été interpellées, a rapporté la presse locale. Des manifestations se sont déroulées dans une vingtaine de villes, selon la presse.

Agé de 15 ans, ce jeune homme avait été grièvement blessé à la tête en juin 2013 par un tir de grenade lacrymogène alors qu’il sortait chercher du pain pendant une intervention de la police dans son quartier.

Sa mort le 11 mars 2014, après un coma de 269 jours, avait fait spontanément descendre dans les rues de toutes les grandes villes de Turquie des centaines de milliers de personnes qui ont dénoncé le gouvernement du Premier ministre de l’époque Recep Tayyip Erdogan, aujourd’hui chef de l’Etat.

Symbole de la répression du pouvoir

Le cas de Berkin Elvan est devenu un symbole de la violente répression exercée par le pouvoir en 2013 et celui de la dérive autoritaire que lui reprochent ses détracteurs. M. Erdogan l’avait publiquement qualifié de “terroriste”.

Au moins huit personnes ont été tuées, plus de 8000 blessées et des milliers d’autres arrêtées, selon les bilans des ONG de défense des droits humains. Aucun policier n’a pour l’heure été mis en cause dans la mort du jeune homme.

Le Parlement turc examine depuis plusieurs semaines un projet de loi très controversé qui renforce les pouvoirs de la police, notamment lors des manifestations. L’opposition a estimé que ce texte allait faire de la Turquie un “Etat policier”.

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